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samedi 5 novembre 2011

Hier, avec Lire et Faire Lire, j'ai écouté Elzbiéta...

... aujourd'hui Elle m'a dédicacé l'Enfance de l'Art...Détails sur le produit Grand Moment !
http://www.blogculture.midipyrenees.fr/
http://www.crl-midipyrenees.fr/agenda/vivons-livres-2011-le-programme/#Un


« Elle [la magie] est le fait du héros de l’histoire, autrement dit de l’enfant lui-même. Elle lui apprend que c’est de lui que viendra, le moment venu, la solution de ses difficultés. Donner d’avance la nature de cette solution impliquerait de construire une histoire au premier degré. Or personne n’est en mesure de prédire à un enfant ce qui l’attend. En revanche on peut essayer de lui insuffler espoir et confiance et on peut lui faire pressentir l’existence de ses ressources intérieures. (...)Ce train va bien à Brighton, n’est-ce pas ?” m’enquis-je un jour, quelques minutes avant le départ, auprès d’un autre voyageur. Au lieu de m’affirmer simplement que oui, il me répondit : “Well, I hope so !” Et cet “Espérons-le !” permettait de m’apprendre, sans me le dire, qu’il y allait lui-même, qu’il serait tout aussi embêté que moi de s’être trompé et qu’au pire nous serions au moins deux, ce qui est déjà rassurant ! »
Elzbieta, L’Enfance de l’Art, éditions du Rouergue,

vendredi 4 novembre 2011

LA BALLADE DE LILA K, Blandine Le Callet *****

La Ballade de Lila K

Résumé :
Depuis le jour où des hommes en noir l'ont brutalement arrachée à sa mère et conduite dans un mystérieux Centre, mi-pensionnat mi-prison, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. La jeune femme, à la fois sensible, surdouée et asociale, n'a alors qu'une obsession : retrouver sa mère et sa mémoire perdue.
Dans une société sécuritaire en total décalage, où les livres n'ont plus droit de cité, Lila commence son enquête et parallèlement, son chaotique apprentissage.
Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué ou encore un chat multicolore...
'La ballade de Lila K s'avère être un véritable roman d'initiation où se mêlent suspense, histoire d'amour et questionnements sur notre société.

Mon P'tit Blog :
J'ai beaucoup aimé cette lecture, même si la ballade n'est en aucun cas romantique... Pas de grand pathos pour ce sujet tellement humain de la maltraitance enfantine -entre autres sujets abordés-, une cité presque futuriste ou caricaturale pour donner l'impression que ce n'est pas tout à fait chez nous. Le style simple de Blandine Le Callet fait des merveilles comme pour son précédent roman (La Pièce Montée). Elle nous délivre un très beau message : au-delà des réalités, des situations traversées et de l'image qu'en ont les autres, seul compte notre chemin personnel et la ressource qu'apportent nos émotions propres. Convaincue bien sûr !

Critiques :


Jurée du Prix du livre numérique, Nolwenn Jouneau décrit son agréable balade au coeur du roman fantastique de Blandine Le Callet. (L'Express)J'ai lu La Ballade de Lila K de Blandine Le Callet et j'ai été assez emballée. La légèreté du titre dissimule un roman dur et sans compassion pour son personnage principal. Mais pour une fois la névrose n'écrase pas le récit lui-même. Le contexte futuriste ne l'emporte pas non plus sur l'histoire elle-même. Un monde froid, moderne et réalisteOn est vite pris par l'histoire personnelle, par le drame vécu par Lila, par sa sensibilité extrême. Les personnages secondaires occupent une place à part entière dans le récit et entrent en interaction réelle et pas seulement de surface avec Lila, quand bien même cette dernière supporte mal toute forme de friction avec un autre être humain. L'univers que l'on découvre à mesure que Lila force la porte rouillée par ses angoisses à s'ouvrir sur l'extérieur nous donne à voir un monde froid, moderne et relativement réaliste comme une évolution logique de certaines dérives d'aujourd'hui. Le fait qu'une personne qui accepte encore d'avoir des rides et refuse les injections de Botox passe pour un dangereux provocateur surprend à peine tant le récit s'éloigne progressivement de notre référent pour aller vers celui de Lila.
Un texte efficace sans fioritures
Ainsi on ne comprend pas immédiatement si la différence entre notre univers et celui de Lila est le fruit de sa perception ou s'il s'agit de sa réalité. Ce n'est clair qu'au bout d'un certain nombre de pages. Pourtant, on se laisse porter avec plaisir jusque-là simplement parce que le personnage central s'inscrit en porte-à-faux par rapport au monde cruel qu'elle habite et qu'on la force à apprécier, comme si la solitude était devenue un crime contre l'humanité.
Blandine Le Callet n'utilise pas les mots sans bien les penser, on le sent bien en dévorant son roman. Je n'ai pas ressenti de fioritures et j'ai lu un texte efficace, allant à l'essentiel sans être maigre. C'est un plaisir de lecture parce qu'on sait où on va et qu'on peut se laisser porter en toute confiance. La vie de Lila K est un horrible drame et pourtant, en posant ce roman après la dernière page, j'ai eu le sentiment de prendre avec elle une bouffée d'oxygène.

LE BONHEUR D'ETRE SOI, Moussa Nabati ****

Détails sur le produit

Résumé :
Le bonheur est en chacun de nous. C'est une disposition, une aptitude interne. A travers de nombreux témoignages, Moussa Nabati nous montre que le seul vrai obstacle empêchant l'adulte de goûter au bonheur provient de sa difficulté à oser être lui-même. Etre soi, cela veut dire s'aimer, se respecter, savoir ressentir, choisir, désirer et s'exprimer en son nom propre, pour son compte. C'est avoir un psychisme autonome, différencié des autres mais relié à ses origines et à son passé. Dès lors, il n'y a rien de particulier à faire, aucune recette miracle pour trouver le bonheur : seule la pacification avec sa propre histoire permet de s'en rapprocher.
Moussa Nabati est psychanalyste, thérapeute et chercheur, docteur en psychologie et auteur de plusieurs ouvrages.


Mon P'tit Blog :
Une lecture lente pour bien entendre et accepter l'analyse de nos comportements douteux, particulièrement à l'écoute quand on recherche la plus grande sincérité au quotidien pour soi et les autres... L'aptitude au bonheur ou la compréhension de notre distance personnelle entre réalité et rêves. Réflexions profondes pour mettre en évidence la perfidie de notre psychisme ! Lecture recommandée bien évidemment... de la difficulté de nos intentions individuelles à résister au rouleau compresseur des excès du contemporain ?


Extraits :

On pourrait se demander si nous ne nous trouvons pas, à l'heure actuelle, face à une sorte de dépression collective camouflée sous le masque de l'excitation. Elle se traduit d'un côté par l'hyperconsommation de tout ... et de l'autre côté, par l'acharnement à tout positiver -la chasse à l'ennui, le refus de la solitude et de la paresse, et enfin la joyeuseté factice, dégoulinant sur les écrans de télé. De même, le besoins impérieux de "changer", de "rénover", d'"innover, la quête obessionnelle de la "nouveauté" frisant parfois l'extravagance, la recherche des aventures et du sensationnel expriment la fuite anxieuse devant la "monotonie quotidienne", le manque d'en-vie et la "fatigue" caractéristiques de l'état dépressif. En résumé, l'idéologie moderne insuffle une idée de bonheur comme étant préfabriqué, matériel, naissant de l'utilisation des objets censés par magie procurer la félicité en faisant correspondre la réalité aux rêves, mais au fond pour lutter contre la dépression masquée.
Les débats politiques ou sociaux se raréfient ou se réduisent à un clivage binaire : "oui ou non ? " "pour ou contre ? "sans recherche de nuance ni réflexion quant à leur complexité, dans un  contexte de paresse ou d'anesthésie de la pensée. L'homogénéité s'empare insidieusement des corps et des consciences. Curieusement, plus les choses de la vie se complexifient et plus le besoin de recourir à des schémas d'explications simplistes, dogmatiques et superficiels devient impérieux !
Le bonheur vient de nous-mêmes. Il représente une disposition, une aptitude interne psychique. Il prend son origine dans cette inéfable certitude d'être vivant et entier  dans un corps réel. Il se trouve dans le plaisir de vivre, dans le désir et l'en-vie d'exister, vivant parmi les vivants, et non dans les plaisirs de la vie... Le véritable amour est de l'order du désir qui émancipe, affranchi de la hantise de la perte.
La limite en amour remplit, de toute évidence, une fonction constructive. Elle protège le Moi face à toute puissance pulsionnelle enfantine qui pousse à vouloir tout être, tout devenir, tout prendre, dans l'immédiateté et l'urgence. Elle contribue à l'intégration du principe de réalité pour que le psychisme sache supporter un minimum de frustrations, de manques et de contrariétés afin de ne pas combrer dans la surenchère et la perversion... en validant l'autonomie psychique.
On retrouve toujours le même paradoxe : plus le sujet cherche à lutter contre sa DIP (Dépression Infantile Précoce) en voulant trop vivre, afin de compenser un pan inanimé en lui, et plus il gaspille son énergie vitale dans l'agitation, laissant filer toutes les possibilités d'être dans la paix.
La réussite est investie , au même titre que la consommation addictive et la médecine, du pouvoir magique de remédier au manque à être et au malaise intérieur, contre l'angoisse diffuse et ineffable de ne pas exister et de ne pas vraiment compter pour les autres. Un individu ne peut se sentir vivant et heureux que si sa libido, son énergie vitale, parvient à circuler librement, sans encombre eet avec fluidité  à travers les divers pans de son identité plurielle. Il en va exactement de même d'une société. Il en lui est en effet possible de fonctionner d'une manière saine, en contribuant à l'épanouissement de ses membres, que si elle reconnaît et cultive, on pas une seule facette de la vie, axée vers l'extériorité matérielle, mais d'autres valeurs tout aussi légitimes dans leur diversité. L'idéalisation unidimensionnelle de la réussite sociale comme garant du bonheur se traduit, comme dans un jeu de balançoire, par la négligence, voir la déconsidération pour d'autres aspirations, orientées vers l'intériorité. Le nécessaire équilibre entre le dehors et le dedans, le corps et l'esprit, le collectif et l'intime, l'objectif et le subjectif, se voit ainsi rompu.
Rappelons-le : ce n'est jamais l'adulte qui est malheureux, mais l'enfant intérieur, affecté par la DIP et la culpabilité... La libido, afin de circonscrire la DIP, mais également pour sauver les autres parties saines et vivantes du psychisme des risque de contamination, se voit contrainte de s'emballer, de surenchérir, de s'exciter, en sombrant dans l'excès. Cela fait tomber en panne le thermostat régulateur.  Dès lors, le sujet est porté par le "besoins" tendu, crispé, impérieux et vital d'échapper toujours et partout à la mort psychique. Celle-ci apparaît sous les formes déguisées de l'ennui, de la solitude, du vide, de la monotonie, contre lesquels l'individu se mobilise dans le but de museler la DIP. Ainsi, il se met constamment en quête intense, addictive et dépendante d'objets, de personnes et de substances lui procurant la sensation d'être vivant, entier et réel : l'hyperactivité, la surconsommation...