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jeudi 29 décembre 2011

LES PETITS CHEVAUX DE TARQUINIA, Duras *****

Les Petits Chevaux de Tarquinia
1973
Résumé:
Roman à l'action quasi-inexistante, concentrée sur le récit de menus incidents survenus à un groupe de cinq vacanciers en Italie. Les thèmes sont l'ennui, la solitude à plusieurs, le conflit latent.

Mon P'tit Blog :
Ce livre a un charme fou : d'une langueur inégalable, avec des non événements permanents, Duras nous livre un petit bijou ! Lisez-le aussi en période d'intenses activités pour en apprécier toute la lenteur et la finesse...

jeudi 8 décembre 2011

Rencontre Lire et Faire Lire avec Francisca Lefort : pourquoi tant d'animaux ?

Importance du mythe dans l'humanité : pas d'existence de l'homme sans rapport à l'animal.
Mythes, civilisations, rythes puissants >> idées de lectures
  1. Faire place au mythe : unifie l'humanité / symbolique nécessaire.
  2. Lien entre le réel et l'imaginaire (différent de l'imagination) : capacité à accepter le réel en le sublimant et en affrontant ses peurs (ce qui nous submerge ou n'a pas de sens). Quelque chose à faire pour penser et formuler des choses à dire avec des adultes pas toujours prêts à l'entendre.
  3. L'animal permet de se projeter et de s'identifier
  4. L'animal autorise ce que l'humain n'autorise pas
  5. L'animal est un relais affectif (jouerl, rêver, se sentir aimer et en sécurité)
  6. L'animal ou l'audace et la liberté de l'auteur, anthropomorphisme affectif de comportement par ex : la relation à l'autre, au monde extérieur, à oser se lancer
  7. Exprimer le réel dans les rêves, la projection c'est du sérieux ! pensées inavouables...
  8. Partir dans une situation nouvelle, fragile, croire à l'impossible


Trahison du texte de Kipling dans le Livre de la Jungle de Disney : personnage de Khaa.
Loup-garou : univers, alterité (je suis comme ça mais je peux être/devenir autrement)
La Fabula "il est amusable"
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samedi 5 novembre 2011

Hier, avec Lire et Faire Lire, j'ai écouté Elzbiéta...

... aujourd'hui Elle m'a dédicacé l'Enfance de l'Art...Détails sur le produit Grand Moment !
http://www.blogculture.midipyrenees.fr/
http://www.crl-midipyrenees.fr/agenda/vivons-livres-2011-le-programme/#Un


« Elle [la magie] est le fait du héros de l’histoire, autrement dit de l’enfant lui-même. Elle lui apprend que c’est de lui que viendra, le moment venu, la solution de ses difficultés. Donner d’avance la nature de cette solution impliquerait de construire une histoire au premier degré. Or personne n’est en mesure de prédire à un enfant ce qui l’attend. En revanche on peut essayer de lui insuffler espoir et confiance et on peut lui faire pressentir l’existence de ses ressources intérieures. (...)Ce train va bien à Brighton, n’est-ce pas ?” m’enquis-je un jour, quelques minutes avant le départ, auprès d’un autre voyageur. Au lieu de m’affirmer simplement que oui, il me répondit : “Well, I hope so !” Et cet “Espérons-le !” permettait de m’apprendre, sans me le dire, qu’il y allait lui-même, qu’il serait tout aussi embêté que moi de s’être trompé et qu’au pire nous serions au moins deux, ce qui est déjà rassurant ! »
Elzbieta, L’Enfance de l’Art, éditions du Rouergue,

vendredi 4 novembre 2011

LA BALLADE DE LILA K, Blandine Le Callet *****

La Ballade de Lila K

Résumé :
Depuis le jour où des hommes en noir l'ont brutalement arrachée à sa mère et conduite dans un mystérieux Centre, mi-pensionnat mi-prison, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. La jeune femme, à la fois sensible, surdouée et asociale, n'a alors qu'une obsession : retrouver sa mère et sa mémoire perdue.
Dans une société sécuritaire en total décalage, où les livres n'ont plus droit de cité, Lila commence son enquête et parallèlement, son chaotique apprentissage.
Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué ou encore un chat multicolore...
'La ballade de Lila K s'avère être un véritable roman d'initiation où se mêlent suspense, histoire d'amour et questionnements sur notre société.

Mon P'tit Blog :
J'ai beaucoup aimé cette lecture, même si la ballade n'est en aucun cas romantique... Pas de grand pathos pour ce sujet tellement humain de la maltraitance enfantine -entre autres sujets abordés-, une cité presque futuriste ou caricaturale pour donner l'impression que ce n'est pas tout à fait chez nous. Le style simple de Blandine Le Callet fait des merveilles comme pour son précédent roman (La Pièce Montée). Elle nous délivre un très beau message : au-delà des réalités, des situations traversées et de l'image qu'en ont les autres, seul compte notre chemin personnel et la ressource qu'apportent nos émotions propres. Convaincue bien sûr !

Critiques :


Jurée du Prix du livre numérique, Nolwenn Jouneau décrit son agréable balade au coeur du roman fantastique de Blandine Le Callet. (L'Express)J'ai lu La Ballade de Lila K de Blandine Le Callet et j'ai été assez emballée. La légèreté du titre dissimule un roman dur et sans compassion pour son personnage principal. Mais pour une fois la névrose n'écrase pas le récit lui-même. Le contexte futuriste ne l'emporte pas non plus sur l'histoire elle-même. Un monde froid, moderne et réalisteOn est vite pris par l'histoire personnelle, par le drame vécu par Lila, par sa sensibilité extrême. Les personnages secondaires occupent une place à part entière dans le récit et entrent en interaction réelle et pas seulement de surface avec Lila, quand bien même cette dernière supporte mal toute forme de friction avec un autre être humain. L'univers que l'on découvre à mesure que Lila force la porte rouillée par ses angoisses à s'ouvrir sur l'extérieur nous donne à voir un monde froid, moderne et relativement réaliste comme une évolution logique de certaines dérives d'aujourd'hui. Le fait qu'une personne qui accepte encore d'avoir des rides et refuse les injections de Botox passe pour un dangereux provocateur surprend à peine tant le récit s'éloigne progressivement de notre référent pour aller vers celui de Lila.
Un texte efficace sans fioritures
Ainsi on ne comprend pas immédiatement si la différence entre notre univers et celui de Lila est le fruit de sa perception ou s'il s'agit de sa réalité. Ce n'est clair qu'au bout d'un certain nombre de pages. Pourtant, on se laisse porter avec plaisir jusque-là simplement parce que le personnage central s'inscrit en porte-à-faux par rapport au monde cruel qu'elle habite et qu'on la force à apprécier, comme si la solitude était devenue un crime contre l'humanité.
Blandine Le Callet n'utilise pas les mots sans bien les penser, on le sent bien en dévorant son roman. Je n'ai pas ressenti de fioritures et j'ai lu un texte efficace, allant à l'essentiel sans être maigre. C'est un plaisir de lecture parce qu'on sait où on va et qu'on peut se laisser porter en toute confiance. La vie de Lila K est un horrible drame et pourtant, en posant ce roman après la dernière page, j'ai eu le sentiment de prendre avec elle une bouffée d'oxygène.

LE BONHEUR D'ETRE SOI, Moussa Nabati ****

Détails sur le produit

Résumé :
Le bonheur est en chacun de nous. C'est une disposition, une aptitude interne. A travers de nombreux témoignages, Moussa Nabati nous montre que le seul vrai obstacle empêchant l'adulte de goûter au bonheur provient de sa difficulté à oser être lui-même. Etre soi, cela veut dire s'aimer, se respecter, savoir ressentir, choisir, désirer et s'exprimer en son nom propre, pour son compte. C'est avoir un psychisme autonome, différencié des autres mais relié à ses origines et à son passé. Dès lors, il n'y a rien de particulier à faire, aucune recette miracle pour trouver le bonheur : seule la pacification avec sa propre histoire permet de s'en rapprocher.
Moussa Nabati est psychanalyste, thérapeute et chercheur, docteur en psychologie et auteur de plusieurs ouvrages.


Mon P'tit Blog :
Une lecture lente pour bien entendre et accepter l'analyse de nos comportements douteux, particulièrement à l'écoute quand on recherche la plus grande sincérité au quotidien pour soi et les autres... L'aptitude au bonheur ou la compréhension de notre distance personnelle entre réalité et rêves. Réflexions profondes pour mettre en évidence la perfidie de notre psychisme ! Lecture recommandée bien évidemment... de la difficulté de nos intentions individuelles à résister au rouleau compresseur des excès du contemporain ?


Extraits :

On pourrait se demander si nous ne nous trouvons pas, à l'heure actuelle, face à une sorte de dépression collective camouflée sous le masque de l'excitation. Elle se traduit d'un côté par l'hyperconsommation de tout ... et de l'autre côté, par l'acharnement à tout positiver -la chasse à l'ennui, le refus de la solitude et de la paresse, et enfin la joyeuseté factice, dégoulinant sur les écrans de télé. De même, le besoins impérieux de "changer", de "rénover", d'"innover, la quête obessionnelle de la "nouveauté" frisant parfois l'extravagance, la recherche des aventures et du sensationnel expriment la fuite anxieuse devant la "monotonie quotidienne", le manque d'en-vie et la "fatigue" caractéristiques de l'état dépressif. En résumé, l'idéologie moderne insuffle une idée de bonheur comme étant préfabriqué, matériel, naissant de l'utilisation des objets censés par magie procurer la félicité en faisant correspondre la réalité aux rêves, mais au fond pour lutter contre la dépression masquée.
Les débats politiques ou sociaux se raréfient ou se réduisent à un clivage binaire : "oui ou non ? " "pour ou contre ? "sans recherche de nuance ni réflexion quant à leur complexité, dans un  contexte de paresse ou d'anesthésie de la pensée. L'homogénéité s'empare insidieusement des corps et des consciences. Curieusement, plus les choses de la vie se complexifient et plus le besoin de recourir à des schémas d'explications simplistes, dogmatiques et superficiels devient impérieux !
Le bonheur vient de nous-mêmes. Il représente une disposition, une aptitude interne psychique. Il prend son origine dans cette inéfable certitude d'être vivant et entier  dans un corps réel. Il se trouve dans le plaisir de vivre, dans le désir et l'en-vie d'exister, vivant parmi les vivants, et non dans les plaisirs de la vie... Le véritable amour est de l'order du désir qui émancipe, affranchi de la hantise de la perte.
La limite en amour remplit, de toute évidence, une fonction constructive. Elle protège le Moi face à toute puissance pulsionnelle enfantine qui pousse à vouloir tout être, tout devenir, tout prendre, dans l'immédiateté et l'urgence. Elle contribue à l'intégration du principe de réalité pour que le psychisme sache supporter un minimum de frustrations, de manques et de contrariétés afin de ne pas combrer dans la surenchère et la perversion... en validant l'autonomie psychique.
On retrouve toujours le même paradoxe : plus le sujet cherche à lutter contre sa DIP (Dépression Infantile Précoce) en voulant trop vivre, afin de compenser un pan inanimé en lui, et plus il gaspille son énergie vitale dans l'agitation, laissant filer toutes les possibilités d'être dans la paix.
La réussite est investie , au même titre que la consommation addictive et la médecine, du pouvoir magique de remédier au manque à être et au malaise intérieur, contre l'angoisse diffuse et ineffable de ne pas exister et de ne pas vraiment compter pour les autres. Un individu ne peut se sentir vivant et heureux que si sa libido, son énergie vitale, parvient à circuler librement, sans encombre eet avec fluidité  à travers les divers pans de son identité plurielle. Il en va exactement de même d'une société. Il en lui est en effet possible de fonctionner d'une manière saine, en contribuant à l'épanouissement de ses membres, que si elle reconnaît et cultive, on pas une seule facette de la vie, axée vers l'extériorité matérielle, mais d'autres valeurs tout aussi légitimes dans leur diversité. L'idéalisation unidimensionnelle de la réussite sociale comme garant du bonheur se traduit, comme dans un jeu de balançoire, par la négligence, voir la déconsidération pour d'autres aspirations, orientées vers l'intériorité. Le nécessaire équilibre entre le dehors et le dedans, le corps et l'esprit, le collectif et l'intime, l'objectif et le subjectif, se voit ainsi rompu.
Rappelons-le : ce n'est jamais l'adulte qui est malheureux, mais l'enfant intérieur, affecté par la DIP et la culpabilité... La libido, afin de circonscrire la DIP, mais également pour sauver les autres parties saines et vivantes du psychisme des risque de contamination, se voit contrainte de s'emballer, de surenchérir, de s'exciter, en sombrant dans l'excès. Cela fait tomber en panne le thermostat régulateur.  Dès lors, le sujet est porté par le "besoins" tendu, crispé, impérieux et vital d'échapper toujours et partout à la mort psychique. Celle-ci apparaît sous les formes déguisées de l'ennui, de la solitude, du vide, de la monotonie, contre lesquels l'individu se mobilise dans le but de museler la DIP. Ainsi, il se met constamment en quête intense, addictive et dépendante d'objets, de personnes et de substances lui procurant la sensation d'être vivant, entier et réel : l'hyperactivité, la surconsommation...

mercredi 5 octobre 2011

L'INSOMNIE DES ETOILES, Marc Dugain *****

L'insomnie des étoiles

Résumé :
Automne 1945, loin du Berlin occupé par les Alliés, une compagnie de militaires français dirigée par le capitaine Louyre investit le sud du pays. Sur le chemin menant à leur ville de destination une ferme isolée attire leur attention. Les soldats y font une double découverte : une adolescente hirsute qui vit là seule, comme une sauvage, et le corps calciné d'un homme. Incapable de fournir une explication sur les raisons de son abandon et la présence de ce cadavre, la jeune fille est mise aux arrêts. Contre l'avis de sa hiérarchie, le capitaine Louyre va s'acharner à connaître la vérité sur cette affaire, mineure au regard des désastres de la guerre, car il pressent qu'elle lui révélera un secret autrement plus capital.


Critiques :
Le jury du prix Interallié, composé de 10 journalistes masculins, a publié la liste de sa première sélection pour le prix 2010. Ce livre en fait partie. Il fait aussi partie de la liste pour le Prix de l'Académie Française.


Et si l'on ne pouvait bien juger de la qualité d'un livre qu'à l'ampleur de son écho ? Le nouveau roman de Marc Dugain est étrange, déconcertant, dérangeant, mais il n'en finit pas de résonner, longtemps après qu'on en a achevé la lecture. Marc Dugain est un écrivain atypique. D'abord parce qu'il est venu à l'écriture après avoir joué les chefs d'entreprise. Passé la quarantaine, il a tout plaqué pour la littérature. Son premier roman, La Chambre des officiers, racontait l'histoire de son grand-père, survivant de la Première Guerre mondiale, gueule cassée. Puis il s'est penché sur l'odyssée de l'Amérique en transformant son style et sa langue au point de réussir un véritable "roman américain" : La Malédiction d'Edgar est une de ces fictions par le prisme duquel on parvient à éclairer et à commenter la grande Histoire, en l'occurrence celle de l'inamovible patron du FBI Edgar Hoover. Dans Une exécution ordinaire, il sondait l'âme d'un pays créé de toutes pièces, l'Union soviétique, à travers le monstre qui le dirigea, Staline. 
Marc Dugain excelle lorsqu'il se place sous le vent de l'Histoire. L'Insomnie des étoiles s'inscrit dans cette filiation. Plus sombre, plus méditatif, plus court, plus incisif, ce récit d'une quête est aussi une réflexion sur la barbarie. En 1945, alors que l'Allemagne est à genoux, une armée d'occupation sous commandement français peine à comprendre quelle mission elle doit accomplir. Lorsqu'une jeune fille, hagarde et affamée, est découverte auprès du corps calciné d'un inconnu, dans un hameau reculé, un officier français décide de mener l'enquête. Qui est cet homme ? Qui l'a assassiné ? L'absurdité de cette entreprise saute aux yeux de tous, y compris des subordonnés du capitaine Louyre. Alors que des milliers d'hommes meurent encore chaque jour sur le front et que l'on ne cesse de dénombrer les cadavres dans une guerre dont on découvre qu'elle mena à l'extrême sauvagerie, cet officier désoeuvré joue les Sherlock Holmes d'outre-Rhin. Avant guerre, Louyre était astronome. Il porte sur ce meurtre un regard qui n'a rien à voir avec celui des policiers. Il interroge les notables. Déchiffre les silences. Pousse chacun à se livrer. Peu à peu, l'obsession de cet officier devient celle du lecteur. Dugain, adepte de la concision - phrase courte, idée claire - a réussi un véritable tour de force.
Par François Busnel (L'Express), publié le 01/09/2010




Mon P'tit Blog :
Excellente lecture où l'on apprend encore... l'insoutenable. Mais la lecture se lit comme une enquête où l'intensité progresse avec elle. Ne pas passer à côté de ce roman de Dugain.

lundi 26 septembre 2011

MOINS QUE ZERO, Bret Easton Ellis ****

Détails sur le produit
1/04/0988

Résumé :
La révélation des années quatre-vingt assurément. Le premier livre du sulfureux Ellis, qui n'a alors que vingt ans, est un choc. À sa sortie pourtant, Moins que zéro est modérément accueilli par les critiques américains. Il connaît en revanche un énorme succès en France.
L'histoire, un puzzle dont on ne cesse de replacer les morceaux, est celle de personnages interchangeables, jeunes gens dorés sur tranche, désoeuvrés et la tête enfarinée. L'un s'ennuie à mourir dans son loft de deux cents mètres carrés, l'autre cherche désespérément un endroit ou passer la soirée et tout ce joli monde de dix-huit ans à peine se téléphone et se retrouve dans les lieux les plus chics de Los Angeles. Pour méditer, bien entendu, sur les dernières fringues à la mode ou le meilleur plan dope de la ville. Et les parents dans tout ça ? Ils sont trop occupés et stressés par leurs boulots, leurs maîtresses ou leurs psychiatres pour voir ce que devient leur charmante progéniture. Au bout du compte, on a l'impression d'un immense vide, d'une vie qui n'a plus aucun sens. Et là où l'on était d'abord agacé, on finit par être ému, puis révolté. Car, c'est toute la force d'Ellis de nous faire comprendre que ce monde roule un peu trop souvent sur la jante. --Stellio Paris


Critiques :
Sacralisé roman porte parole de la génération MTV, Less Than Zero est de ces livres, qui, comme 'l'Attrape cœur' de Salinger, ou 'l'Etranger' de Camus, ont su restituer de manière parfaitement sincère et authentique le mal-être post adolescent de leur époque. Héritier du trouble identitaire de Holden Caulfield, ou de l'insensibilité quasi inhumaine de Meursault, Clay est un fils de bonne famille parti étudier dans le New Hampshire. De retour pour les vacances, Clay retrouve ses amis et constate de manière détachée, résignée, voire impuissante, la vacuité qui anéantit les gens de son âge. Ils sont riches, ils sont beaux, ils ont tout, mais il leur manque l'essentiel : "ils n'ont pas quelque chose à perdre". Alors, si presque tous s'ennuient, presque tous essaient de montrer qu'ils s'amusent. Tels des rejetons des clips de MTV, les personnages de Bret Easton Ellis vivent en play-back, jouant mollement à convaincre ceux qui les regardent mais ne perdant jamais à l'esprit que finalement rien n'est vrai. Ils tapinent, lisent "The Face", écoutent Squeeze, sniffent de la coke, se tapent des snuffs movies, mais finissent par conclure : "je crois que nous savons plus éprouver le moindre sentiment". En ce sens, Less Than Zero dresse un état des lieux vertigineux de la jeunesse des années 80 qui, face à l'opulence et la surmédiatisation, ne parvient pas à trouver d'autre alternative que celle de la disparition, pour non pas vivre, mais seulement survivre.
Romain Monnery, evene.fr

Mon P'tit Blog :
Surprenant : dérangée par le fait qu'il ne s'y passe rien, que tout est cru, que la vie leur passe à côté, trop de drogue, trop de sexe et pourtant... j'ai lu jusqu'au bout. Oui Los Angeles, j'ai roulé sur ces grands périphériques frénétiques et bondés: alors ce vague à l'âme, dès le début, qu'il y a là du superficiel à éviter, c'est tout de suite évident et puis voilà BEE nous y plonge dedans avec tous les détails mais le principal ! Certains passages d'une vie alenguie sont à relire à voix haute...Tout dire pour dire que la vie ne rime à rien, étonnant non !  Ces personnages si crus, si arides sont là pour convaincre que ça peut exister, que le temps de la lecture vous en êtes ; à savoir tout de même que le livre est une fiction composée de ragots épouvantables, dixit l'auteur lui-même . C'est le malaise d'une génération qui n'attend rien, qui n'espère rien et qui s'alimente de sa nébuleuse ; mais l'auteur fait un constat et ne les applaudit pas, alors on attend son verdict final : la liberté par l'argent n'alimente qu'instabilité, le monde manque de cohérence... La vacuité de ces vies nous dérange tous !  Certains sûrement n'y trouvent aucun intérêt à la lecture, mais il l'a dit lui-même : c'est une mise en accusation d'un mode de vie ! Ouf, nous voilà rasssurés... Et tout un style particulier : on quitte la dernière page désarmé, un mal-être ténu, mais pour ma part avec l'envie certaine de lire un autre BEE...

samedi 3 septembre 2011

LE POIDS DES SECRETS, 5 tomes, Aki Shimazaki *****

Actes Sud - Oct 2005
L'auteur en quelques mots...Née au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis plus de dix ans.
Tsubaki est le premier volet de sa pentalogie Le Poids des secrets, qui comprend également Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru (tous publiés par Leméac/Actes Sud). Elle a remporté le prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec pour Hamaguri et le prix Canada-Japon pour Wasurenagusa.


Résumé :
A la mort de sa mère, une survivante de la bombe atomique de Nagasaki, Nakiko se voit remettre deux enveloppes. La première est adressée au frère de sa mère, dont Nakiko ignorait l'existence. La seconde contient une lettre dans laquelle la défunte révèle à sa fille le drame qui l'a hantée toute sa vie. 
Dans la lettre laissée à sa fille, Yukiko évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d'abord à Tokyo puis à Nagasaki.
Elle reconstitue le puzzle d'une vie familiale marquée par les mensonges d'un père qui l'ont poussée à commettre un meurtre. Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n'échappe à son destin
.       
Critiques:
Coup de coeur Fnac 2009

Mon P'tit Blog :
Au fil des cinq tomes qui déroulent l'histoire en progressant comme une caméra, l'auteur nous amène dans la vision qu'ont les japonais de la seconde guerre mondiale et du largage de la bombe atomique sur Nagasaki. Il aborde également les relations entre Coréens et Japonais de l'époque... Des petits livres très sensibles, tellement délicats et profonds que chaque personnage vous renvoie à une partie non encore dévoilée. Le fond de l'histoire n'a rien de réjouissant, mais on aime revenir sur ce passé avec toute la pudeur des sentiments évoqués et, n'est-ce pas le but de nos lectures, les sentir proches de nous. Un très beau moment de lecture.

vendredi 10 juin 2011

LA DISGRACE, J.M. Coetzee *****

Seuil 2002
Résumé : Un professeur de l'université du Cap, David Lurie, s'éprend d'une jeune étudiante. Cette histoire d'amour le contraint à démissionner. Il se réfugie dans l'arrière-pays, chez sa fille. Il tente d'y retrouver un sens à sa vie. Pas facile de croire encore à quelque chose quand même les campagnes de l'Afrique du Sud sont frappées par la violence qui domine le pays...

9e roman de l’écrivain sud-africain, prix Nobel en 2003, Disgrâce est aussi celui de la consécration, couronné du Booker prize en 1999 (pour la 2e fois après « Michael K, sa vie, son temps »). Il est adapté au cinéma en février 2010 avec John Malkovich dans le rôle titre. Souvent présenté (réduit ?) à une peinture économico-sociale de l’Afrique du Sud post-Apartheid (lui ayant même valu une accusation de racisme), Disgrâce comme son titre l’indique est avant tout le récit de la chute d’un homme. Un homme vieillissant qui s’enfonce peu à peu dans des ténèbres de plus en plus opaques. Un homme qui perd et va perdre encore plus et c’est en cela que le roman est particulièrement poignant et marquant, allant à l’encontre des romans de reconstruction habituels. Un roman intimiste qui interroge aussi la notion de désir masculin, d’instinct primitif, la morale, la vieillesse et les rapports de domination, de violence au sens large et surtout la condition féminine dans la société sud-africaine actuelle.



Mon P'tit Blog : Pour ceux qui verraient un rapprochement à toute situation actuelle médiatisée, je confirme certains rapprochements possibles dans l'analyse de la disgrâce...

vendredi 6 mai 2011

DANS LA MER IL Y A DES CROCODILES, Fabio Geda ****


Résumé :
Dix ans, ou peut-être onze. Enaiat ne connaît pas son âge, mais il sait déjà qu’il est condamné à mort. Être né hazara, une ethnie haïe en Afghanistan par les Pachtounes et les talibans, est son seul crime. Pour le protéger, sa mère l’abandonne de l’autre côté de la frontière, au Pakistan. Commence alors pour ce bonhomme «pas plus haut qu’une chèvre» un périple de cinq ans pour rejoindre l’Italie en passant par l’Iran, la Turquie et la Grèce. Louer ses services contre un bol de soupe, passer les frontières dissimulé dans le double-fond d’un camion, braver la mer en canot pneumatique, voilà son quotidien. Un quotidien où la débrouille le dispute à la peur, l’entraide à la brutalité. Mais comme tous ceux qui témoignent de l’insoutenable, c’est sans amertume, avec une tranquille objectivité et pas mal d’ironie, qu’il raconte les étapes de ce voyage insensé.




Critiques :


«Un récit d’enfance hors du commun: magique.» Télérama
«Un roman dramatique traversé par la grâce et l’ironie.» Le Monde des livres «Si ce livre vaut pour la force de ce parcours, il tire aussi sa préciosité de sa valeur littéraire.» La Croix«C’est l’immigration soudain incarnée, avec une voix, une épaisseur déchirante.» Marianne
«Ce roman initiatique fort et émouvant est un livre utile, une leçon de vie.» Le Nouvel Observateur«L’émotion vient toute seule au fil des pages et des pas d’Enaiat. La poésie aussi.» Rolling Stone
«Le journal d’une aventure.» Le Canard enchaîné
«L’exploit de ce livre, c’est d’être à la fois un récit-vérité, mais aussi une histoire à l’incroyable force romanesque.» La Vie
«Impressionnant de courage et de dignité humaine.» L’Humanité
«Un véritable manuel de survie.» Canal +
«On est porté par l’émotion tout au long.» France Culture




Entretien avec Enaiat Akbari


Enaiat, racontez-nous dans quelles circonstances votre mère vous a abandonné?
Elle m’a emmené au Pakistan, est restée auprès de moi deux nuits, puis elle est partie. Et je ne l’ai pas vue depuis onze ans.
Comment avez-vous compris que ce geste était destiné à vous sauver?
Je lui ai écrit une lettre que j’ai essayé de lui faire passer par quelqu’un à Quetta. Cet homme m’a dit: «Reprends-la ; ta mère t’a fait un cadeau en t’amenant jusqu’ici. Elle t’a fait cadeau de ta vie en risquant la sienne.» C’était vrai…
Que seriez-vous devenu si vous étiez resté en Afghanistan?
Impossible de le savoir. Peut-être que j’aurais sauté sur une mine… Que je serais devenu kamikaze… Tout peut arriver à un enfant là-bas.
Qu’est-ce qui a manqué le plus à l’enfant que vous étiez?
En y repensant maintenant, je dirais : tout !
Vous semblez pourtant heureux?
J’ai toujours été heureux. J’étais chaque jour plus heureux parce que j’étais en vie.
A-t-il été difficile de raconter cette histoire?
Ça a été un gros effort. J’ai dû reconstruire une partie de ma vie, et sans Fabio Geda, je n’y serais pas parvenu. Je suis content de l’avoir fait, car cela me permet de faire comprendre aux autres la vie des immigrants, des immigrants afghans en particulier. Peu de gens se demandent quel est le passé d’un clandestin, pourquoi il est monté dans un bateau. Beaucoup oublient qu’il est difficile d’abandonner son pays, et que l’on ne vient pas en Europe pour vous embêter. Mais il y a des personnes pour qui tout cela a été bien pire. C’est aussi leur voix que j’ai voulu porter sur le papier.


Entretien avec Fabio Geda
Fabio, comment est né ce livre?
J’ai rencontré Enaiat il y a trois ans, au Centre interculturel de Turin. Il était en train de raconter son histoire, et moi j’étais là, avec mon éditeur. Nous avons eu un coup de foudre. Pas seulement pour le récit de ce voyage inouï, mais pour la façon dont il le racontait. Par le regard que, malgré tout, il parvenait à poser sur sa propre vie. Jamais compassionnel, mais décidé, authentique, et parfois même ironique. Il racontait en regardant vers l’avenir.
Que voulez-vous dire?
Je pense qu’il était conscient du fait que les histoires comme la sienne peuvent changer la façon dont on perçoit l’autre, l’autre différent de nous. Enaiat connaît la valeur des choses, et de la vie. La seule manière de pactiser avec son passé est de parvenir à le regarder de l’extérieur.Voilà pourquoi ce livre est né.
Comment avez-vous travaillé ?
Nous avons passé ensemble des jours et des jours. Ses souvenirs remontaient, confus et incomplets. Peu à peu, nous avons mis de l’ordre dans ce magma et reconstitué son parcours en cherchant sur Internet chaque étape. C’est là que le récit a commencé à surgir. En rentrant chez moi, je réécoutais ce que j’avais enregistré et j’essayais d’utiliser ses mots à lui. J’ai surtout tenté de me mettre à l’écoute des non-dits qui accompagnent toujours les récits. En cela, mon expérience d’éducateur m’a beaucoup aidé.


Mon P'tit Blog :
Qu'ajouter à tout cela ? Moi aussi j'ai senti de la poésie dans ce livre dans la détermination de ce jeune garçon qui ne pense qu'à vivre et survivre aux dangers qu'il rencontre. Il les traverse bravement et sa débrouillardise est un enseignement pour tous ceux qui s'apitoient sur leur sort au premier écueil. On peut croire aujourd'hui plus qu'hier que ces pays traversés donnent peu d'avenir à un enfant, mais s'ils produisent des tempéraments comme celui d'Enaiat, il y a un vrai questionnement ! Et l'on comprend mieux ce que peut être un clandestin grâce à lui. Connaître la valeur de la vie, c'est une richesse dans le regard que l'on devrait rencontrer plus souvent dans nos pays riches ....

dimanche 10 avril 2011

LE CHERCHE BONHEUR, Michael Zadoorian ****

Résumé :
Avis de recherche : Ella et John Robina, couple de citoyens américains à la retraite, vus pour la dernière fois au volant de leur camping-car le Cherche-bonheur, aux abords de Detroit. Si vous avez des informations, merci de contacter au plus vite leurs enfants au numéro qui suit…


Mon P'tit Blog :
C'est vrai ce n'est pas un livre d'une grande écriture avec un grand E, mais il traite d'un quotidien plein de charme et de tendresse où ces retraités là ne veulent pas prendre la place qui rassurerait leurs enfants et la société ! Ils sont gravement malades mais ils ne veulent pas mourir sans avoir rêvé encore et encore, et surtout par d'une morte bête et attendue ! Elle c'est un cancer sourd mais diagnostiqué et lui c'est Alzeihmer avec ce que la maladie peut engendrer en répétitions, légéreté et perdition... On apprécie ce road movie sur la route 66 où l'on vit et partage une certaine idée du bonheur. Ca donnerait presque envie d'en faire autant !

LE GARCON EN PYJAMA RAYE, John Boyne *****


John Boyne, Gallimard 2009
Résumé :
Vous ne trouverez pas ici le résumé de ce livre. On dira simplement qu'il s'agit de l'histoire du jeune Bruno que sa curiosité va mener à une rencontre de l'autre côté d'une étrange barrière. Une de ces barrières qui séparent les hommes et qui ne devraient pas exister.
Une lecture d'une force inoubliable.


L'auteur
John Boyne, auteur de sept romans, est né en Irlande en 1941 et vit aujourd'hui à Dublin. Traduit dans plus de 40 langues, Le garçon en pyjama rayé est un phénomène litté­raire international : best-seller en Espagne (2 millions d'ex, vendus, n° 1 des ventes en 2007 et 2008), aux États-Unis et en Grande-Bretagne (500 000 ex. vendus), il s'est écoulé à plus de 5 millions d'exemplaires dans le monde (6e meilleure vente de romans en 2008). Le livre fut couronné de deux Irish BookAwards, du Bisto Bookoftheyear (2007), du prix Tatoulu 2008 (catégorie 6e/5e) et sélectionné pour le British Book Award. Il a récemment été adapté au cinéma (Miramax). http://www.johnboyne.com/

Mon P'tit Blog:
Une preuve de plus pour lire à tout âge des livres ados ! Il est suprenant de revisiter l'histoire au-travers du regard de cet enfant, pas comme les autres, personnage principal du roman. La barbarie du lieu est à peine édulcorée par le regard simple et naïf de Bruno, qui pressent avec force que tout ce qui ne lui convient pas couvre une dose d'horreur inacceptable, alors qu'il n'aspire qu'à un essentiel : comment retrouver , après un déménagement forcé, l'amitié qui l'a construit ? Et pour conclure, appréhender sa force de conviction !
Lecture forte à recommander !

mercredi 30 mars 2011

LA VIEILLE ANGLAISE ET LE CONTINENT, Jeanne A Debats ****

Nouvelle 2008 - 1er roman
Editeur Griffes d'Encre, ah la belle mascotte éponyme !
Illustrateur Christophe Sivet


Résumé :
Avec cette très émouvante histoire d’une vieille dame, ancien professeur de biologie marine, investissant le corps d’un grand cachalot, Jeanne-A Debats signe une oeuvre originale et poétique. Certaines personnes sont si profondément attachées à la Vie sous toutes ses formes, tous ses aspects, qu'elles consacrent leur existence à sa préservation, quitte à sacrifier celle des autres... Anne Kelvin, elle, lui consacrera sa mort.


Mon P'tit Blog:
Mais qu'est-ce donc qu'une « mnèse » ? La transplantation d’une âme d’un corps dans un autre. C'est de la SF ! et pourtant on aimerait bien que cela fonctionne tant c'est beau, tant l'auteur donne l'occasion de créer des ponts merveilleux entre le monde animal et nous et une belle réflexion sur notre comportement vis à vis de notre planète. Ce petit livre est une belle découverte ! Je vais suivre l'éditeur, il paraît que le niveau de publication est constant !

mardi 22 mars 2011

CET ETE-LA, Véronique OLMI ****



Extraits :
... et amoureux, oui, autant qu'on peut l'être quand on connaît si peu l'autre et qu'il est facile de faire entrer dans notre rêve cet être flou au service de notre imaginaire.
Il y avait moins de monde ici, la plage ressemblait à la fin d'un été, on se sentait privilégié un peu à part, et la mer plus précieuse et moins dévoyée.
Et il lui semblait que les adultes ne s'adressaient jamais aux gens de son âge que pour obtenir des renseignements ou vérifier certains critères, comme si la vie des plus jeunes devait sans cesse être ajustée.
... - Dans le désert, je ne possède rien. J'espère juste. Tu comprends ?- Qu'est-ce que tu espères ?- J'espère pouvoir m'étonner encore.
D. comprit que sa fille avait grandi sans l'en avertir. Elle avait puisé ailleurs qu'avec elle, des nécessités et des idéaux, des forces aussi. Elle s'était tournée vers des soleils qui n'étaient pas elle et dont elle avait tiré des enseignements et la chaleur de ses convictions.

MUSEUM, Frédéric CLEMENT *****

Tabatinga, Brésil


Chère Amie,


Ce soir, sur les bords du fleuve Amazone, je me décide à ficeler cette boîte de bois vert. Mon journal d'entomologiste, mes notes, mes photographies, mes tremblantes, esquisses, qui me brûlent maintenant les doigts, je vous les confie.
...
http://www.fredericlement.net/presse/muse-press.htm

jeudi 3 mars 2011

LE SIGNAL, Ron Carlson ****


01/2011 - Gallmeister
 Résumé
Pour la dernière fois, Mack et sa femme Vonnie partent camper dans les montagnes du Wyoming afin de se dire adieu. Enlisé dans les dettes, l’alcool et les trafics, Mack a peu à peu contraint Vonnie a renoncer à l’amour profond qui l’avait attirée vers l’Ouest, et la jeune femme a refait sa vie. Cette randonnée est un moment de complicité retrouvée, une ultime occasion de se révéler l’un à l’autre. Pour Mack, cette expédition est aussi la dernière mission qu’il exécute pour le compte d’un intermédiaire douteux afin de sauver son ranch de la faillite. Au cœur des vastes étendues sauvages, guidé par un faible signal GPS, il doit retrouver une mystérieuse balise égarée lors d’un survol de la région. Mais cette mission se révèlera bien plus périlleuse que prévu.
Le Signal est un roman magistral combinant le destin d’un amour qui s’achève à un suspense qui nous mène au paroxysme de l’angoisse. Ce livre palpitant, doublé d’une magnifique description du Wyoming, est un texte puissant qui se lit d’une traite.
Traduit de l’américain par Sophie Aslanides
RON CARLSON est né en 1947, en Utah. Il est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de quatre romans qui ont reçu de nombreuses distinctions aux États-Unis. Il enseigne la littérature à l’Université de Californie, à Irvine, et vit à Huntington Beach. Le Signal, publié en 2009 aux États-Unis est son dernier roman.


Mon p'tit Blog
A bien des égards, ce roman n'est pas un authentique policier : pas de représentant de l'ordre ou de la justice structurant un suspens, pas d'enchainements de scènes sanglantes ou de plans "noirs". Le suspens est là en filigrane tout au long de leur randonnée et culminant dans les dernières pages... Est-ce qu'il est plus marqué sur la dernière mission pas nette de Mack ou sur l'histoire du couple Mack et Vonnie ? C'est justement sur ce parallèle entre sa vie sentimentale, l'espoir de cette ultime randonnée, et l'échec de sa vie tout court que repose l'attente de la lecture, notre intrusion dans ce personnage de cow-boy pudique. Bien sûr, pour une fan comme moi des marches en montagne et des paysages américains, aller se promener et se faire surprendre par les ours, faire une partie de pêche dans les lacs silencieux du Wyoming, c'était gagné d'avance ! Bingo, du plaisir de lire et d'être là-bas... Une belle approche de personnages tout en finesse donc donne le relief à ce roman qui déroule le grand tapis des immensités du grand ouest américain.


Extraits
"Il était silencieux et connu pour cela, ce n'était pas affecté ; il avait appris que c'était pour lui la meilleure manière de garder un peu de pouvoir."
"... pour se conformer à une promesse qu'il avait gravée dans la pierre des montages : rester léger et sur la réserve, sans se mettre en boule, sans se laisser atteindre."

mercredi 23 février 2011

POUR UNE EDUCATION BUISSONNIERE, Louis Espinassous *****

Résumé :
Nous privons de plus en plus nos enfants de la nature, du dehors, les acheminant peu à peu vers une éducation ‘‘hors-sol’’. Et ceci au nom de la sécurité, de l’hygiène, de la norme, du risque zéro, et sous le prétexte fallacieux que, par écrans interposés, la vie, le réel arrivent désormais sans risques jusqu’au cœur de douillettes petites cages dorées où nous les gardons à l’abri. Or le monde n’est pas réductible aux murs de la chambre ou de la classe, ni à des images virtuelles, les plus perfectionnées soient-elles.
C’est dehors, dans le jardin, les prés et les bois, le bord de mer ou la montagne, dans ce contact plein avec le réel que l’enfant construit une part considérable de son rapport à son corps, à ses sens, à son intelligence, à la vie et aux autres. C’est ainsi qu’il développe au mieux la totalité de son être.
Riche d’enseignements et de réflexions, POUR UNE ÉDUCATION BUISSONNIÈRE est aussi une vigoureuse exhortation au développement de l’éducation nature pour que chaque enfant puisse s’épanouir en tant qu’être vivant sur notre planète, et aille vers une humanité plus solidaire et respectueuse des ressources limitées et de la beauté du monde.
Tout jeune, LOUIS ESPINASSOUS a eu la vocation d’éducateur nature. Quarante ans plus tard, infatigable, il assume cette vocation à laquelle s’ajoutent celles d’accompagnateur en montagne, de pisteur d’ours, d’incorrigible dormeur à la belle étoile, de conteur et d’écrivain. Toujours avec la même jubilation, il emmène enfants, adolescents, adultes, publics handicapés ou difficiles dans des séjours, des classes découvertes, des stages de formation au cœur des Pyrénées, dans cette vallée d’Ossau où il a pris racine depuis plus de trente ans.

Mon P'tit Blog :
Quel bain de jouvence que la lecture de ce précis de Louis Espinassous ! Par bon nombre de réflexions saines et ancrées dans une vie de bon sens, il nous donne l'impression de le lire face à un bon feu de camp, dans la beauté d'un jour finissant, épuisé d'une journée en pleine nature. Son livre est une réussite puisqu'à lire ses arguments pour une éducation buissonnière, on rêve plus que jamais d'une école équilibrée pour nos enfants, où le contact avec la "matière", naturelle et humaine, apporterait le complément à un enseignement classique. Et oui, aujourd'hui l'école n'endosse plus aucune prérogative éducative !...

Extraits :
Etre humain, c'est être à l'affût et chassant, aux aguets. Nous ne sommes pas nés pour assister, béats, au spectacle de la Nature, des êtres et de l'Histoire, comme si l'univers était achevé et qu'il ne nous restait plus qu'à nous bâtir des esplanades et des observatoires, avec des télescopes, écrans de télévision et fauteuils qui basculent. Nous sommes partie prenante (et drôlement prenante), nous sommes branchés d'antennes et résonnants de signaux, de détresse ou de joie, de bonheur ou d'alarme, comme des insectes qui cherchent leur vie dans l'herbe. Nous avons des enthousiasmes d'enfant chercheur et des frousses de poursuivi par les loups. Et si nous n'observons pas, ne prenons pas de notes, si nous attendons lâchement que les chercheurs, dans leur tour d'ivoire, ou que les politiciens, dans leur tour de contrôle, trouvent, résolvent pour nous les grandes énigmes de l'univers et nous installent des chaises confortables pour assister à la représentation du monde, tranquille, apaisée, observable à distance, alors nous abandonnons notre vie, nous entrons dans le cauchemar, apparemment féérique, de l'existence virtuelle.
La surprotection de l'enfant nous mène dans une impasse éducative. Pire, elle nous mène à une démission de notre rôle éducatif.
"Il n'y a rien de plus important au monde, et pour le monde, qu'un beau souvenir d'enfance." F.Dostoïesvki
"N. et J. descendirent l'escalier à leur tour. Ils avaient le teint vif, le sang fouetté ; il rêgnait autour d'eux comme une odeur de liberté. Lorsque N. rentra prestement dans sa poche l'effilochure de nuage qui en dépassait encore, J. sourit de l'étourderie de son frère." Boris Vian, L'Arrache-coeur
Il y aura des jours où vous serez comme un souverain pacifique assis sous un arbre : le monde entier viendra vous rendre hommage et vous apporter tribut. Ce seront là vos jours de contemplation.Il y aura des jours où vous devrez prendre besace et bâton pour aller chercher votre vie le long des routes. Il faudra, ces jours-là, vous contenter de vos gains d'observateur, de chasseur ; n'ayez crainte : ils seront beaux.Il est doux de recevoir ; il est passionnant de prendre. Il faut, tour à tour, séduire et forcer l'univers. Quand on a longuement contemplé le roc fauve, ses lichens, ses algues veloutées, il est bien amusant de le soulever : on connaît alors son poids et le petit nid de salamandes au ventre orange qui vivent là dans la fraîcheur.C'est un jeu perpétuel et semblable à l'amour que cette possession d'un monde qui tantôt se livre et tantôt se dérobe ; c'est un jeu grave et divin. Citation de Georges Duhamel, in Gilbert Anscieau, Les Clefs de la découverte. 

mardi 15 février 2011

ABEL DANS LA FORET PROFONDE, Aron Tamasi****

Résumé :
Je me nomme Abel, 15 ans, engagé comme garde forestier sur le Hartiga, forêt domaniale qui appartient au directeur d’une banque. J’ai en charge la vente de bois, te tenir des comptes et de rendre des comptes ! Si l’on m’en donne le choix, j’agirai selon ma conscience et retournerai auprès de mon père et ma mère et en aucun cas représenterai « un chien que l’on place quelque part pour qu’il garde les parages ».
Accompagné de mes fidèles amis, Puce le chien, ma chèvre, mon chat, mes deux poules et mon fusil, je suis coincé ici à contempler « le passé, le présent et l’avenir ». Je laisse filer les jours, heureusement agrémentés par de plaisantes aventures. Bien qu’étant habité par la peur, je prends plaisir aux diverses rencontres qui me permettent des joutes verbales religieuses, spirituelles, métaphysiques et remercie mon père pour ce pouvoir de la répartie des plus malicieuses qu’il m’a inculqué et qui me sort de bien des moments difficiles.
Car la nature humaine n’est pas des meilleures et ma vie est en danger bien des fois. Je sais que Dieu veille sur moi, que mon caractère s’est forgé en accomplissant ce trajet et que je suis plus aguerri et averti, mais je me sens seul et suis loin d’admettre la force de certains individus sur d’autres, plus faible. C’est pourquoi « (Je fais) serment, où que mon chemin me conduise, je porterais toujours le drapeau des pauvres et des opprimés ».


Commentaires Le Blog des Mardis hongrois :


Ábel apprend la vie en Transylvanie
Tous les jeunes Hongrois connaissent «Ábel dans la forêt profonde», un merveilleux récit de formation, œuvre de Áron Tamási, datant de 1932. Une nouvelle traduction par la maison genevoise Héros-Limite permet d’en découvrir le charme bondissant.


Comme dans les contes, Ábel est devant un gros tas de blé de Turquie à égrener jusqu’au soir. A ses côtés, le chien, sur son épaule, le chat. Ábel dans la forêt profonde, dit Agnès Járfás, la traductrice, est un livre que tous les jeunes Hongrois ont lu. Ils ont de la chance, ce roman de formation est délicieux. Paru en 1932, il se déroule en 1920
"L’Histoire, les histoires, l’histoire. Ici celle d’Ábel, celle d’un de ces porteurs de feu de la littérature. Adolescent pauvre que son père mène, aux premières pages, dans les montagnes roumaines de la Hagita, la grande forêt du mythe, afin qu’il s’y invente le métier de garde forestier, et celui d’homme. Abandon? Non. Plutôt prise de liberté, affranchissement, ouverture de cette chasse aux illusions qu’est la vie.
Conte ou Bildungsroman? Avec Ábel l’on peut oublier les catégories et prendre plaisir aux intelligences: celle du langage, de la repartie indemne de pouvoir, du sous-texte où l’histoire des oppressions est redite au travers d’archétypes si subtils qu’ils oublient d’en être. A la conclusion le pauvre reste pauvre, mais réussit encore à faire cadeau au lecteur d’une lucidité joyeuse.
Ábel dans la forêt profonde est un exemple rare, sinon unique, du rousseauisme au vingtième siècle. Roman majeur de la littérature hongroise, il est animé par une prose lyrique, teintée de mysticisme. Sa langue emprunte largement au dialecte local, les dialogues, pleins d’humour, s’articulent autour des traits d’esprit et des jeux de mots. Il est parmi les textes les plus attachants et les plus lus en Hongrie.
« Cap sur l’Est. Laissez derrière vous la vaste plaine pannonienne, franchissez la Tisza par un jour sans crue et remontez les méandres de la Mures.
Coupez ensuite par la montagne où les lacs portent des noms d’ours et rejoignez d’autres flots turbulents, ceux de l’Olt qui auraient vu le diable même mourir gelé. C’est là, dans le comté forestier de la Hargita, où l’on salue en hongrois, mais règle ses dettes en lei roumains, qu’est née la légende d’Ábel.Il faut en effet parler de légende tant le récit de l’écrivain transylvanien Áron Tamási (1897 à Farkaslaka-1966 à Budapest) tient une place particulière et fondamentale dans l’histoire de la littérature hongroise. D’abord livré sous la forme d’un feuilleton dans un journal de Brasov, « Ábel » est publié en 1932 chez Erdélyi Szépmíves, une maison d’édition sise à Cluj qui rassemble alors un singulier foisonnement littéraire magyarophone, dont les oeuvres de Károly Kós, Aladár Kuncz et Benö Karácsony. « Ábel » connait immédiatement un immense succès critique et populaire, il est lu et commenté – aujourd’hui encore – dans les lycées hongrois.
À l’instar de son héros, Áron Tamási a vécu dans la Hargita puis bourlingué jusqu’en Amérique avant de trouver sa vocation d’écrivain et de livrer une abondante bibliographie dont ce roman hors du temps. Voici un « Ábel » profondément humaniste, drôle, écologiste avant l’heure, méfiant à l’encontre des mirages de son époque ; une histoire de Robinson avec la forêt pour Océan et la malice pour boussole. Adolescent, Ábel est envoyé sur la montagne comme garde champêtre. À lui seul désormais de découvrir la rugueuse beauté de ce monde et les êtres qui le traversent : chiens, gendarmes, brigands, moines, propriétaires…Échaudé, Ábel pourrait devenir misanthrope ou révolutionnaire. Sa curiosité (notamment à l’égard des juifs orthodoxes), son honnêteté et sa foi la création le préservent du pire sinon des bosses.
Áron Tamási est parfois comparé à Giono ou Ramuz pour la saveur de sa langue, ses dialogues si proches des roublardises du parler sicule, et son attachement jamais démenti à sa terre natale. Il ne saurait toutefois être réduit au rang d’auteur régionaliste, toute son oeuvre – ses romans, ses nouvelles comme son théâtre – tendant en effet vers une dimension humaniste et universaliste souvent proche de la féerie ou du conte oriental. Resté à Budapest durant les années de plomb du stalinisme, ce démocrate à l’esprit trop indépendant fut mis au ban de la littérature sous l’accusation – faute de mieux – de déisme, avant de se voir réhabilité tant le succès de ses écrits dépassait les tentatives de censure.
Une première traduction francophone du roman vit le jour en 1944 en Suisse, alors que Budapest guettait l’arrivée des chars soviétiques. Publié à Lausanne par la Guilde du livre Ábel dans la forêt sauvage fut traduit par un étrange duo réuni quelques semaines durant à Genève par les circonstances de la guerre. Jeune boursier de Budapest et futur grand oeil du Parti sur les lettres hongroises, Péter Nagy s’était lié avec l’anarchiste français en exil André Prudhommeaux. Savoureuse, mais éloignée du texte original par ses nombreuses corrections, cette première traduction s’est perdue dans le chaos de la fin de la guerre. Il a ainsi fallu attendre plus de soixante ans, pour que ce récit extraordinaire ressurgisse des forêts de la Hargita dans une nouvelle traduction plus fidèle au texte originel.» Thierry Sartoretti

dimanche 2 janvier 2011

TOKYO, Mo Hayder *****


Presses de la Cité 2005
Grand Prix des Lectrices de Elle 2006
Biographie de Mo Hayder, romancière anglaise
Auteur de polar à succès, Mo Hayder puise en partie son inspiration dans une histoire personnelle mouvementée. A l'âge de 16 ans, elle quitte sa famille bourgeoise et mène une vie chaotique marquée par la violence, la drogue et l'alcool. Après dix années de 'galère', la jeune femme part pour le Japon - un pays qui sera au coeur de son troisième roman 'Tokyo'- et travaille en tant que serveuse. Plutôt déçue par cette expérience, elle se rend à Los Angeles pour étudier le cinéma. En 2001, Mo Hayder publie son premier roman, 'Birdman', déjà remarquable par sa noirceur, suivi de 'L' Homme du soir' qui deviennent rapidement des best-sellers aux Etats-Unis.


Résumé :
Grey, une jeune Anglaise au passé tumultueux, quitte Londres et débarque à Tokyo à la recherche d'un vieux film dont l'existence est contestée. Ce film contiendrait les seules et uniques preuves que des atrocités ont été commises par les Japonais à Nankin en 1937. Dès lors, Grey mène l'enquête, mais son parcours est semé d'embûches car elle se retrouve seule dans une ville qui lui est totalement inconnue. Son histoire est intimement liée à celle de l'universitaire chinois Chongming qui a écrit un journal au moment de l'entrée des soldats nippons dans Nankin, alors qu'il se trouvait en compagnie de sa femme sur le point d'accoucher.

La revue de presse
Le Figaro - Bruno Corty (21 Avril 2005)
Disons-le tout de suite : on ne s'ennuie pas un instant en compagnie de ces curieux personnages et surtout de cette héroïne complexe et un brin perverse. L'atmosphère, inquiétante, oppressante à l'approche du dénouement, est l'un des points forts du livre. On est un peu moins convaincu par le récit historique,  trop lent, sans doute [... ] Mo Hayder prouve que l'Asie est bien le nouvel eldorado des auteurs de polar.
Lire - C.F. (Juin 2005)
Il s'agit bien d'un thriller mené avec aplomb, d'un roman noir violent, fondé sur une documentation implacable laissant filtrer l'émotion. On savait Mo Hayder capable de raconter des histoires haletantes, mais aujourd' hui c'est un écrivain qui vient de s'affirmer.


Mon P'tit Blog :
Cela faisait une "paye" que je voulais connaître la teneur de ce livre, tant d'éloges en ont fait l'écho. Je croyais y trouver un excellent thriller bien ficelé, bon pour les vacances. J'y ai trouvé infiniment plus !! Retrouver le Japon où mes pas m'ont menée il y a quelques mois, découvrir une réalité historique que je ne connaissais pas, arpenter Nankin en 1937 (je vous assure que ce n'était pas la bonne période !!), accompagner les personnages complexes et très expressifs de Mo Hayder fit de ce choix de lecture un moment puissant que je vous recommande. La tension y est menée sans répit jusqu'à son paroxysme, la révélation de l'obsession qui fait que Grey débarque un jour à Tokyo sans rien d'autre qu'une idée fixe...


Extrait :
"-Ne vous en faites pas. Vous avez été bon, vous avez eu la bonté de toujours me dire que l'ignorance n'était pas la même chose que le mal." [...]


"- Maître Shi, ne vous accablez pas trop lourdement du fardeau de la culpabilité. Vous comprenez ? Moi-même , je n'ai pas fait mieux que vous. Comme vous, j'ai fauté par orgueil. Une larme a coulé sur ma joue puis s'est écrasée sur la table dans l'oeil d'un des dragons. Je l'ai fixé avec une sorte de stupeur.
- Qu'ai-je fait ? ai-je bredouillé. Qu'ai-je fait à ma femme ? A mon enfant ? Le vieux Liu s'est penché vers moi ; sa main a recouvert la mienne.
- Nous avons fait une erreur. Voilà tout ce que nous fait, une erreur. Nous sommes de petits hommes ignorants, mais c'est tout. Juste un peu ignorants, vous et moi."