Rechercher dans ce blog

vendredi 26 novembre 2010

NAISSANCE D'UN PONT, Maylis de Kerangal***

Verticales 2010
Résumé :
Ce livre raconte la construction d'un pont suspendu, quelque part dans une Californie imaginaire, à partir des destins croisés d'une dizaine d'hommes et de femmes, tous employés du gigantesque chantier.
Un roman-fleuve, 'à l'américaine', qui brasse des sensations et des rêves, des paysages et des machines, des plans de carrière et des classes sociales, des corps de métiers et des corps tout court.
Mon p'tit Blog :
Le livre trouvera un large public peut-être plus masculin ? Le thème est original, le décor propre à se fondre dans son imaginaire et dans ce mélange de personnalités lancées vers un même défi. Le style est souvent court, presque technique, une belle maîtrise du sujet par l'auteur. Il mérite le détour et surtout du temps pour rentrer dans cette atmosphère particulière et unique, ce qui me fait penser à d'autres romans américains où une fois que le lecteur parvient à entrer dans le texte, il y est jusqu'au petit doigt....
Extrait : "S. se relèvera d'un bond, enchaînera les gestes avec rapidité, comme si toute pause, tout silence, contribuait à l'affaiblir"

samedi 20 novembre 2010

CARNETS D'ORIENT, Jacques Ferrandez*****


Casterman 1987
Résumé :
"Carnets d’Orient" raconte l’histoire algérienne de sa conquête en 1836 à son indépendance, à la fin des années 50. Les cinq volumes nous plonge dans une grande saga familiale sur la colonisation, ou romances, amours secrètes et intrigues se multiplient. Visiblement fasciné par les carnets de Delacroix, Jacques Ferrandez a décidé de compléter cette série avec de véritables carnets d’Orient contemporain, nous entraînant à Istanbul, en Syrie, et en Irak pour un témoignage poignant


Mon p'tit Blog : 10 tomes parues pour revisiter l'histoire de l'Algérie. Une structure de récit très riche, un dessin tout en finesse à l'aquarelle pour des tableaux de vie très variés, permettant la réflexion et un panorama complet de l'Algérie pendant la colonisation française.
T1 Djemilah  1836-1846
T2 L'année du feu 1871-1872
T3 Les fils du sud 1904-1914
T4 Le centenaire 1930
T5 Le cimetière des princesses 1954
T6 La guerre fantôme oct 1954-oct 1956
T7 Rue de la bombe 1956-1957
T8 La fille du Djebel Amour 1957-1958
T9 Dernière demeure 1958-1960
T10 Terre fatale 1960-1962

dimanche 14 novembre 2010

L'ATLANTIQUE SUD, Jérôme Tonnerre ****

Grasset 2006

Résumé :
Après le suicide d'Arnaud Tonnerre, administrateur du musée de l'Homme , sa femme Anna sombre dans la dépression. La fille aînée du couple, Laurence, élève ses deux frères, Bertrand et Jérôme. Bertrand, le fils préféré, connaîtra une belle réussite et épousera Marie-Caroline, une précieuse ridicule. Jérôme, le mal-aimé, passera son enfance en pension et en gardera une névrose carabinée. Adolescent dans les années 70, il rêve de 'faire la route' mais ne parviendra jamais à décider d'une destination. Il deviendra Jérôme Tonnerre, le narrateur de ce roman.

Revue de presse
La critique evene.fr *****   Scénariste réputé - il a écrit ou co-écrit près d'une trentaine de films, notamment pour Claude Sautet, Patrice Leconte, Yves Robert, Philippe de Broca -, Jérôme Tonnerre livre ici ce qu'il appelle "une fiction à tendance autobiographique". Son roman donc s'ouvre sur l'incinération de la mère du narrateur, laquelle a demandé comme dernières volontés de voir ses cendres jetées dans l'Atlantique Sud. C'est dire si la dédicace - A ma mère, probablement - prend tout son sens et ce livre des allures de tombeau.
Pour comprendre pourquoi cette mère, peu aimante et triste - tellement triste - a souhaité l'océan comme dernière demeure, le narrateur part en quête de souvenirs de familles et va peu à peu reconstruire une histoire, son histoire, dans laquelle le lecteur se glisse avec beaucoup de bonheur. D'abord parce qu'elle raconte la vie, finalement assez banale, d'une famille française des années 60, où Georges de Caunes présentait le journal et où les enfants regardaient Kiri le Clown et La Maison de Toutou. Ensuite parce qu'on ne peut que s'attacher au personnage central, ce voyageur immobile qui rêve de grandes aventures alors qu'il est incapable de dépasser le quartier du Gros Caillou où il habite, voire l'appartement maternel qu'il occupe depuis toujours. Enfin parce que dans ce récit pourtant pétri d'humour - les séances chez le psy, les faux départs vers des terres lointaines, les quiproquos autour de l'urne -, affleure la difficulté de se construire, de s'accepter et de faire la paix entre le passé - en l'occurrence celui de sa mère - dont on ne sait pas tout et le futur on ne connaît encore rien.

 
Mon p'tit Blog : Un bon plaisir de lecture. Entre la quête du voyage, sa nostalgie immuable, et les empêcheurs de tourner en rond que sont la dépression, les non-dits familliaux, la solitude familière. Mais surtout une très belle façon d'explorer le départ, l'appel de terres inconnues pour un personnage qui au final, lui, ne semble jamais prêt à quitter ses propres murs ! En tout cas, il sait nous en donner le goût...
Extrait : "Sur un navire, on appelle les oeuvres mortes la partie qui dépasse de la ligne de flottaison, les oeuvres vives la partie immergée. Ce qui reste caché est vivant."

lundi 8 novembre 2010

VACANCES DANS LE COMA, Frédéric Beigbeder

1994 -poche


Résumé du livre
Une boîte de nuit tendance à l'ambiance orgiaque : " les Chiottes". C'est l'occasion pour Frédéric Beigbeder, par l'intermède de l'oeil averti du narrateur, de dresser quelques portraits bien sentis de la faune nocturne déjantée.

Revue de presse
Critiques EVENE.FR : Les heures défilent et Marc Marronnier de se délecter ! Ambiance psychédélique, décor hallucinant (sanitaires géants…) le nouveau night club branché parisien 'les Chiottes' va devenir inéluctablement le lieu de prédilection de toute la branchitude parisienne. Les top model d'hier et d'aujourd'hui peuvent vous l'affirmer. Joss Dumoulin, le DJ de choc mixe sans relâche sous les regards extasiés de la faune qui s'agite. Un verre de lobotomie, une pilule d'ecstasy, de charmantes demoiselles suffisent pour que Marc Marronnier multiplie les élucubrations les plus lucides. Il nous fait part des visions successives qui s'imposent à lui. Nous voilà plongés dans un vertige inextinguible où tout le monde se côtoie mais nul ne se connaît. Fêtard invétéré, hédoniste dans l'âme, Marc Marronnier erre en quête de plaisirs immédiats. Joie éphémère et mal en semence s'entremêlent pour donner naissance à un abîme des plus glauques : une boîte de nuit peuplée de dépravés. Cet abîme, Beigbeder s'y est souvent retrouvé ; sa diatribe s'avère finalement quelque peu complice. Il s'insurge contre ces noctambules dépressifs mais fréquente leur cloaque. Embarqués dans une aventure extraordinaire, nous ne pouvons que nous extasier de tant d'absurdités ; des aberrations on ne peut plus burlesques. Beigbeder nous abreuve de vérités tragi-comiques qui indubitablement font rire, notamment son théorème du " test du triple pourquoi "… Exaltés, révoltés, vous verrez, ce roman ne vous laissera pas indifférent !

Mon p'tit Blog  Alors je ne suis ni exhaltée ni révoltée ! Une chose m'a plu, le titre, parce que dans ma lecture tout a été comateux !! Désolé... Oui, j'ai aimé
Extrait : "Il n'y a aucune différence enter la fête et la vie : elles naissent de la même façon, grandissent et déclinent de la même manière. Et quand ça meurt, il faut réparer les dégâts, ranger les chaises renversées et donner un coup de balai, ah les cons, ils ont tout saccagé."

mardi 2 novembre 2010

LES ORPAILLEURS, Thierry Jonquet *****

Gallimard 1993


Trophée 813 du meilleur roman en 1993.
Prix Mystère de la critique 1993.


Résumé du livre
La main droite avait été tranchée, net, au niveau du poignet. Rien ne permettait d’identifier le cadavre, celui d’une femme. Dans la semaine qui suivit, on en découvrit deux autres, assassinées selon le même rituel. Si le meurtrier tuait ainsi en amputant ses victimes, c’était avant tout pour renouer avec ses souvenirs. Il effectuait un voyage dans le temps. Mais pour aller au bout du chemin, il lui fallut emprunter une route que bien d’autres avaient suivie avant lui. Des hommes, des vieillards, des enfants. Des femmes aussi. 

Revue de presse
Coups de coeur Le Comptoir des Mots
Du roman policier "classique" (Les Orpailleurs, Moloch) à la fable sociale (La Bête et la Belle) en passant par un bref roman coup de poing, noir de chez noir et au dénouement saisissant (Mygale) : quatre oeuvres majeures pour découvrir, redécouvrir et mesurer toute l'étendue du talent du regretté Thierry Jonquet. Indispensable !
Coups de coeur Librairie Le Genre Urbain
Les éditions Gallilmard ont eu l'heureuse idée à travers leur collection folio policier de nous regrouper quatre romans sensationnels de notre ami bellevillois, le regretté Thierry Jonquet. Il s'agit de "les orpailleurs", "Moloch", "Mygale" et "la bête et la belle". Le point commun entre ces quatre histoires est un sens de la narration qui vous emmène jusqu'au bout d'un suspens haletant avec rebondissements et retournements de situation à vous faire perdre la tête. Un moyen excellent de découvrir Thierry Jonquet, un des maîtres du roman noir français. Et en plus, quatre livres en un à ce prix là, vous n'avez aucune excuse !
Ps : j'ai un vrai faible pour "les orpailleurs" (oui je sais, ça se passe à Belleville !)

Mon p'tit Blog Lu d'une traite. Un excellent policier dans un style nouveau pour moi, c'est le premier que je lis de Jonquet et pas le dernier !! J'en ai 4 en attente... C'est un livre cadeau valeur sure et interdit de l'offrir sans l'avoir lu...

lundi 1 novembre 2010

L'EMPIRE DU SILENCE, Jacques Lanzmann ****

2005
Résumé du livre
" Le désert ne se visite pas. Il se vit. Pour les uns, il raconte des fables de sable. Pour les autres, il est muet, silencieux, indifférent aux états d'âme. Pour les uns, il est l'âme. Il est le retour aux sources et source d'inspiration. Il est littérateur et poète, inventeur de chimères, pourvoyeur de légendes. Pour les uns, le désert est comme une seconde naissance. Il les accouche. Pour les autres, le désert n'est qu'un vaste cimetière. Il les enterre. Pour les uns encore, il représente la pureté, l'absolu. Pour les autres, il est souffrance, péché, enfer. À vrai dire, le désert est un exceptionnel révélateur du " caractère humain. " Ces quelques lignes extraites de L'Empire du silence constituent une brillante introduction à un texte qui est tout à la fois roman d'aventures et conte philosophique. Au travers des recherches croisées d'un baroudeur sur le retour, Victor Barski, traducteur de l'idiome garamante et possesseur du livre sacré de ce peuple saharien disparu au XIe siècle, et d'un auteur très " rive gauche ", Claire Dumas, le lecteur se laisse prendre, irrésistiblement, à un récit sans le moindre temps mort et qu'un art consommé de l'écriture et de la construction narrative rend captivant de bout en bout. Quasiment picaresque par son don d'emboîter les récits les uns dans les autres, telles des poupées gigognes littéraires, l'ouvrage offre aussi, offre surtout, une ode à la splendeur du désert, de tous les déserts, écrite avec le talent que l'on connaît à ce grand voyageur qu'est Jacques Lanzmann.

Revue de presse
L'express, 2005
Une traque philosophique, parfois sanglante, mais toujours captivante.

Mon p'tit Blog
J'ai beaucoup aimé ce livre. Bien sûr une ode au désert, donc aux contrées lointaines, inaccessibles et donc au voyage. Un narrateur exquis qui vous emporte avec lui dans un exotisme de longue durée. Des personnages attachants, du grand explorateur mythique à la journaliste en quête de tout plein de choses en définitive. J'ai voyagé avec eux tout au long des pages et je sais que pour partir entre les lignes, un Lanzmann ça tient la route !

Extrait :"Chez les Borroros comme chez les Peuls et les Touaregs, l'état civil est aussi nomade que les caravaniers. On ne déclare pas forcément dans les meilleurs délais un bébé durant un long parcours ou une transhumance. L'enfant doit d'abord vivre, faire la preuve qu'il est protégé par les esprits bénéfiques, que ceux-ci ne le lâcheront pas en cours de route. Dans le doute, la mère attend parfois plusieurs années. Alors on finit par l'oublier. Il n'y a rien à gagner, ni prime ni allocation, même pas un peu de lait en poudre quand les mamelles de la bufflette sont taries. Chez les gens du désert, le trou de la Sécurité Sociale est depuis longtemps comblé par le sable."