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lundi 9 février 2015

On s'embrasse pas ? Michel Monnereau ****

Ed La Table Ronde - 2007


Résumé La nuit sentait la bière solitaire et la gueule de bois de la quarantaine. Surtout, il y avait cette envie de revenir qui venait de naître en moi loin, très loin, là où se dessinent les grands destins et les catastrophes. Après quinze années d'errance à travers le monde, un homme, désenchanté, revient échouer dans ce qu'il lui reste de famille. À la manière d'un ange noir, il va méthodiquement défaire la vie tranquille de tous ceux qu'il retrouve.




Mon p'tit Blog : Le temps de se familiariser avec ce ton un peu froid puis cynique, on prend goût à ce regard désenchanté, on perçoit toute la justesse du propos et sourit des constats amers qui viennent appuyer une réalité triste et désespérante. On finit par donner raison à tous les espoirs de liberté quand ils viennent chambouler une vie sans rêve !

Extraits :

" Je saisissais un bouquin de Proust pour me calmer, l'ouvris au hasard et me pénétrai de la beauté de cette langue pour me persuader que, quelque part, l'espoir existait encore, battant faiblement comme une veine au cou de la femme qu'on aime."
 "C'était un soir à descendre en soi et à vérifier le bien-fondé de ses raisons de vivre, dépouillé de la tentation des relations forcées. Un soir à ne pas manquer, halte fraîche dans le cours trouble des jours. Un soir à se rêver autre, et toute vie est accordée à la qualité de son rêve." 
"C'est long à se rendre, un corps. ça peut se cabrer pour voir encore un printemps, un dernier soleil, un enfant naître. Pour certains mots qui restent à dire, des silences à partager, quelques regards où l'être passe tout entier, ça peut tenir arc-bouté contre l'inéluctable. Puis viennent le frémissement du renoncement et l'appel des ombres."
"L'ennui, c'est le contraire de la liberté. Les gens qui s'ennuient aiment les cages, pas moi." "Qu'y avait-il à hériter, sinon une mélancolie familiale assortie d'une tendance à tout laisser aller à vau-l'eau en rêvassant à un lendemain excellentissime ? Dans la famille, on se retrouvait ainsi à l'aube du dernier rêve sans avoir jamais commencé à réaliser le premier." 
"Il exhuma sa canne à pêche, ayant depuis longtemps rejoint le parti de ceux  qui tuent dès qu'ils ont un moment de liberté."
"Très important, la mobylette, dans le processus de décision."
"Ah ! se réveiller sans mémoire, prêt à se coltiner la grande farce du monde et trouver ça normal. J'ai jamais pu." 
"Je leur laissais tout, j'avais hérité du vent et ça me suffisait."

Critiques
- "Dans ce second roman, Michel Monnereau porte à son apogée le ton personnel et l'humour incisif salués par la critique dans Carnets de déroute" (La Table Ronde, 2006), Prix du Premier Roman de Draveil, Prix des Lecteurs Atout Sud.
- «Le narrateur aime les calembours, c'est sa politesse du désespoir.» Christine Ferniot, Lire, 02/06
- «Avec Carnets de déroute, Michel Monnereau signe un texte juste et grinçant.» Emilie Grangeray, Le Monde, 17/02/06
- «Une grande maîtrise stylistique et un humour désarmant.»  Karine Papillaud, 20 minutes, 29/03/06



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