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vendredi 4 novembre 2011

LA BALLADE DE LILA K, Blandine Le Callet *****

La Ballade de Lila K

Résumé :
Depuis le jour où des hommes en noir l'ont brutalement arrachée à sa mère et conduite dans un mystérieux Centre, mi-pensionnat mi-prison, Lila a tout oublié de sa vie antérieure. La jeune femme, à la fois sensible, surdouée et asociale, n'a alors qu'une obsession : retrouver sa mère et sa mémoire perdue.
Dans une société sécuritaire en total décalage, où les livres n'ont plus droit de cité, Lila commence son enquête et parallèlement, son chaotique apprentissage.
Sa trajectoire croisera celle de nombreux personnages, parmi lesquels un maître érudit et provocateur, un éducateur aussi conventionnel que dévoué ou encore un chat multicolore...
'La ballade de Lila K s'avère être un véritable roman d'initiation où se mêlent suspense, histoire d'amour et questionnements sur notre société.

Mon P'tit Blog :
J'ai beaucoup aimé cette lecture, même si la ballade n'est en aucun cas romantique... Pas de grand pathos pour ce sujet tellement humain de la maltraitance enfantine -entre autres sujets abordés-, une cité presque futuriste ou caricaturale pour donner l'impression que ce n'est pas tout à fait chez nous. Le style simple de Blandine Le Callet fait des merveilles comme pour son précédent roman (La Pièce Montée). Elle nous délivre un très beau message : au-delà des réalités, des situations traversées et de l'image qu'en ont les autres, seul compte notre chemin personnel et la ressource qu'apportent nos émotions propres. Convaincue bien sûr !

Critiques :


Jurée du Prix du livre numérique, Nolwenn Jouneau décrit son agréable balade au coeur du roman fantastique de Blandine Le Callet. (L'Express)J'ai lu La Ballade de Lila K de Blandine Le Callet et j'ai été assez emballée. La légèreté du titre dissimule un roman dur et sans compassion pour son personnage principal. Mais pour une fois la névrose n'écrase pas le récit lui-même. Le contexte futuriste ne l'emporte pas non plus sur l'histoire elle-même. Un monde froid, moderne et réalisteOn est vite pris par l'histoire personnelle, par le drame vécu par Lila, par sa sensibilité extrême. Les personnages secondaires occupent une place à part entière dans le récit et entrent en interaction réelle et pas seulement de surface avec Lila, quand bien même cette dernière supporte mal toute forme de friction avec un autre être humain. L'univers que l'on découvre à mesure que Lila force la porte rouillée par ses angoisses à s'ouvrir sur l'extérieur nous donne à voir un monde froid, moderne et relativement réaliste comme une évolution logique de certaines dérives d'aujourd'hui. Le fait qu'une personne qui accepte encore d'avoir des rides et refuse les injections de Botox passe pour un dangereux provocateur surprend à peine tant le récit s'éloigne progressivement de notre référent pour aller vers celui de Lila.
Un texte efficace sans fioritures
Ainsi on ne comprend pas immédiatement si la différence entre notre univers et celui de Lila est le fruit de sa perception ou s'il s'agit de sa réalité. Ce n'est clair qu'au bout d'un certain nombre de pages. Pourtant, on se laisse porter avec plaisir jusque-là simplement parce que le personnage central s'inscrit en porte-à-faux par rapport au monde cruel qu'elle habite et qu'on la force à apprécier, comme si la solitude était devenue un crime contre l'humanité.
Blandine Le Callet n'utilise pas les mots sans bien les penser, on le sent bien en dévorant son roman. Je n'ai pas ressenti de fioritures et j'ai lu un texte efficace, allant à l'essentiel sans être maigre. C'est un plaisir de lecture parce qu'on sait où on va et qu'on peut se laisser porter en toute confiance. La vie de Lila K est un horrible drame et pourtant, en posant ce roman après la dernière page, j'ai eu le sentiment de prendre avec elle une bouffée d'oxygène.

LE BONHEUR D'ETRE SOI, Moussa Nabati ****

Détails sur le produit

Résumé :
Le bonheur est en chacun de nous. C'est une disposition, une aptitude interne. A travers de nombreux témoignages, Moussa Nabati nous montre que le seul vrai obstacle empêchant l'adulte de goûter au bonheur provient de sa difficulté à oser être lui-même. Etre soi, cela veut dire s'aimer, se respecter, savoir ressentir, choisir, désirer et s'exprimer en son nom propre, pour son compte. C'est avoir un psychisme autonome, différencié des autres mais relié à ses origines et à son passé. Dès lors, il n'y a rien de particulier à faire, aucune recette miracle pour trouver le bonheur : seule la pacification avec sa propre histoire permet de s'en rapprocher.
Moussa Nabati est psychanalyste, thérapeute et chercheur, docteur en psychologie et auteur de plusieurs ouvrages.


Mon P'tit Blog :
Une lecture lente pour bien entendre et accepter l'analyse de nos comportements douteux, particulièrement à l'écoute quand on recherche la plus grande sincérité au quotidien pour soi et les autres... L'aptitude au bonheur ou la compréhension de notre distance personnelle entre réalité et rêves. Réflexions profondes pour mettre en évidence la perfidie de notre psychisme ! Lecture recommandée bien évidemment... de la difficulté de nos intentions individuelles à résister au rouleau compresseur des excès du contemporain ?


Extraits :

On pourrait se demander si nous ne nous trouvons pas, à l'heure actuelle, face à une sorte de dépression collective camouflée sous le masque de l'excitation. Elle se traduit d'un côté par l'hyperconsommation de tout ... et de l'autre côté, par l'acharnement à tout positiver -la chasse à l'ennui, le refus de la solitude et de la paresse, et enfin la joyeuseté factice, dégoulinant sur les écrans de télé. De même, le besoins impérieux de "changer", de "rénover", d'"innover, la quête obessionnelle de la "nouveauté" frisant parfois l'extravagance, la recherche des aventures et du sensationnel expriment la fuite anxieuse devant la "monotonie quotidienne", le manque d'en-vie et la "fatigue" caractéristiques de l'état dépressif. En résumé, l'idéologie moderne insuffle une idée de bonheur comme étant préfabriqué, matériel, naissant de l'utilisation des objets censés par magie procurer la félicité en faisant correspondre la réalité aux rêves, mais au fond pour lutter contre la dépression masquée.
Les débats politiques ou sociaux se raréfient ou se réduisent à un clivage binaire : "oui ou non ? " "pour ou contre ? "sans recherche de nuance ni réflexion quant à leur complexité, dans un  contexte de paresse ou d'anesthésie de la pensée. L'homogénéité s'empare insidieusement des corps et des consciences. Curieusement, plus les choses de la vie se complexifient et plus le besoin de recourir à des schémas d'explications simplistes, dogmatiques et superficiels devient impérieux !
Le bonheur vient de nous-mêmes. Il représente une disposition, une aptitude interne psychique. Il prend son origine dans cette inéfable certitude d'être vivant et entier  dans un corps réel. Il se trouve dans le plaisir de vivre, dans le désir et l'en-vie d'exister, vivant parmi les vivants, et non dans les plaisirs de la vie... Le véritable amour est de l'order du désir qui émancipe, affranchi de la hantise de la perte.
La limite en amour remplit, de toute évidence, une fonction constructive. Elle protège le Moi face à toute puissance pulsionnelle enfantine qui pousse à vouloir tout être, tout devenir, tout prendre, dans l'immédiateté et l'urgence. Elle contribue à l'intégration du principe de réalité pour que le psychisme sache supporter un minimum de frustrations, de manques et de contrariétés afin de ne pas combrer dans la surenchère et la perversion... en validant l'autonomie psychique.
On retrouve toujours le même paradoxe : plus le sujet cherche à lutter contre sa DIP (Dépression Infantile Précoce) en voulant trop vivre, afin de compenser un pan inanimé en lui, et plus il gaspille son énergie vitale dans l'agitation, laissant filer toutes les possibilités d'être dans la paix.
La réussite est investie , au même titre que la consommation addictive et la médecine, du pouvoir magique de remédier au manque à être et au malaise intérieur, contre l'angoisse diffuse et ineffable de ne pas exister et de ne pas vraiment compter pour les autres. Un individu ne peut se sentir vivant et heureux que si sa libido, son énergie vitale, parvient à circuler librement, sans encombre eet avec fluidité  à travers les divers pans de son identité plurielle. Il en va exactement de même d'une société. Il en lui est en effet possible de fonctionner d'une manière saine, en contribuant à l'épanouissement de ses membres, que si elle reconnaît et cultive, on pas une seule facette de la vie, axée vers l'extériorité matérielle, mais d'autres valeurs tout aussi légitimes dans leur diversité. L'idéalisation unidimensionnelle de la réussite sociale comme garant du bonheur se traduit, comme dans un jeu de balançoire, par la négligence, voir la déconsidération pour d'autres aspirations, orientées vers l'intériorité. Le nécessaire équilibre entre le dehors et le dedans, le corps et l'esprit, le collectif et l'intime, l'objectif et le subjectif, se voit ainsi rompu.
Rappelons-le : ce n'est jamais l'adulte qui est malheureux, mais l'enfant intérieur, affecté par la DIP et la culpabilité... La libido, afin de circonscrire la DIP, mais également pour sauver les autres parties saines et vivantes du psychisme des risque de contamination, se voit contrainte de s'emballer, de surenchérir, de s'exciter, en sombrant dans l'excès. Cela fait tomber en panne le thermostat régulateur.  Dès lors, le sujet est porté par le "besoins" tendu, crispé, impérieux et vital d'échapper toujours et partout à la mort psychique. Celle-ci apparaît sous les formes déguisées de l'ennui, de la solitude, du vide, de la monotonie, contre lesquels l'individu se mobilise dans le but de museler la DIP. Ainsi, il se met constamment en quête intense, addictive et dépendante d'objets, de personnes et de substances lui procurant la sensation d'être vivant, entier et réel : l'hyperactivité, la surconsommation...

mercredi 5 octobre 2011

L'INSOMNIE DES ETOILES, Marc Dugain *****

L'insomnie des étoiles

Résumé :
Automne 1945, loin du Berlin occupé par les Alliés, une compagnie de militaires français dirigée par le capitaine Louyre investit le sud du pays. Sur le chemin menant à leur ville de destination une ferme isolée attire leur attention. Les soldats y font une double découverte : une adolescente hirsute qui vit là seule, comme une sauvage, et le corps calciné d'un homme. Incapable de fournir une explication sur les raisons de son abandon et la présence de ce cadavre, la jeune fille est mise aux arrêts. Contre l'avis de sa hiérarchie, le capitaine Louyre va s'acharner à connaître la vérité sur cette affaire, mineure au regard des désastres de la guerre, car il pressent qu'elle lui révélera un secret autrement plus capital.


Critiques :
Le jury du prix Interallié, composé de 10 journalistes masculins, a publié la liste de sa première sélection pour le prix 2010. Ce livre en fait partie. Il fait aussi partie de la liste pour le Prix de l'Académie Française.


Et si l'on ne pouvait bien juger de la qualité d'un livre qu'à l'ampleur de son écho ? Le nouveau roman de Marc Dugain est étrange, déconcertant, dérangeant, mais il n'en finit pas de résonner, longtemps après qu'on en a achevé la lecture. Marc Dugain est un écrivain atypique. D'abord parce qu'il est venu à l'écriture après avoir joué les chefs d'entreprise. Passé la quarantaine, il a tout plaqué pour la littérature. Son premier roman, La Chambre des officiers, racontait l'histoire de son grand-père, survivant de la Première Guerre mondiale, gueule cassée. Puis il s'est penché sur l'odyssée de l'Amérique en transformant son style et sa langue au point de réussir un véritable "roman américain" : La Malédiction d'Edgar est une de ces fictions par le prisme duquel on parvient à éclairer et à commenter la grande Histoire, en l'occurrence celle de l'inamovible patron du FBI Edgar Hoover. Dans Une exécution ordinaire, il sondait l'âme d'un pays créé de toutes pièces, l'Union soviétique, à travers le monstre qui le dirigea, Staline. 
Marc Dugain excelle lorsqu'il se place sous le vent de l'Histoire. L'Insomnie des étoiles s'inscrit dans cette filiation. Plus sombre, plus méditatif, plus court, plus incisif, ce récit d'une quête est aussi une réflexion sur la barbarie. En 1945, alors que l'Allemagne est à genoux, une armée d'occupation sous commandement français peine à comprendre quelle mission elle doit accomplir. Lorsqu'une jeune fille, hagarde et affamée, est découverte auprès du corps calciné d'un inconnu, dans un hameau reculé, un officier français décide de mener l'enquête. Qui est cet homme ? Qui l'a assassiné ? L'absurdité de cette entreprise saute aux yeux de tous, y compris des subordonnés du capitaine Louyre. Alors que des milliers d'hommes meurent encore chaque jour sur le front et que l'on ne cesse de dénombrer les cadavres dans une guerre dont on découvre qu'elle mena à l'extrême sauvagerie, cet officier désoeuvré joue les Sherlock Holmes d'outre-Rhin. Avant guerre, Louyre était astronome. Il porte sur ce meurtre un regard qui n'a rien à voir avec celui des policiers. Il interroge les notables. Déchiffre les silences. Pousse chacun à se livrer. Peu à peu, l'obsession de cet officier devient celle du lecteur. Dugain, adepte de la concision - phrase courte, idée claire - a réussi un véritable tour de force.
Par François Busnel (L'Express), publié le 01/09/2010




Mon P'tit Blog :
Excellente lecture où l'on apprend encore... l'insoutenable. Mais la lecture se lit comme une enquête où l'intensité progresse avec elle. Ne pas passer à côté de ce roman de Dugain.

lundi 26 septembre 2011

MOINS QUE ZERO, Bret Easton Ellis ****

Détails sur le produit
1/04/0988

Résumé :
La révélation des années quatre-vingt assurément. Le premier livre du sulfureux Ellis, qui n'a alors que vingt ans, est un choc. À sa sortie pourtant, Moins que zéro est modérément accueilli par les critiques américains. Il connaît en revanche un énorme succès en France.
L'histoire, un puzzle dont on ne cesse de replacer les morceaux, est celle de personnages interchangeables, jeunes gens dorés sur tranche, désoeuvrés et la tête enfarinée. L'un s'ennuie à mourir dans son loft de deux cents mètres carrés, l'autre cherche désespérément un endroit ou passer la soirée et tout ce joli monde de dix-huit ans à peine se téléphone et se retrouve dans les lieux les plus chics de Los Angeles. Pour méditer, bien entendu, sur les dernières fringues à la mode ou le meilleur plan dope de la ville. Et les parents dans tout ça ? Ils sont trop occupés et stressés par leurs boulots, leurs maîtresses ou leurs psychiatres pour voir ce que devient leur charmante progéniture. Au bout du compte, on a l'impression d'un immense vide, d'une vie qui n'a plus aucun sens. Et là où l'on était d'abord agacé, on finit par être ému, puis révolté. Car, c'est toute la force d'Ellis de nous faire comprendre que ce monde roule un peu trop souvent sur la jante. --Stellio Paris


Critiques :
Sacralisé roman porte parole de la génération MTV, Less Than Zero est de ces livres, qui, comme 'l'Attrape cœur' de Salinger, ou 'l'Etranger' de Camus, ont su restituer de manière parfaitement sincère et authentique le mal-être post adolescent de leur époque. Héritier du trouble identitaire de Holden Caulfield, ou de l'insensibilité quasi inhumaine de Meursault, Clay est un fils de bonne famille parti étudier dans le New Hampshire. De retour pour les vacances, Clay retrouve ses amis et constate de manière détachée, résignée, voire impuissante, la vacuité qui anéantit les gens de son âge. Ils sont riches, ils sont beaux, ils ont tout, mais il leur manque l'essentiel : "ils n'ont pas quelque chose à perdre". Alors, si presque tous s'ennuient, presque tous essaient de montrer qu'ils s'amusent. Tels des rejetons des clips de MTV, les personnages de Bret Easton Ellis vivent en play-back, jouant mollement à convaincre ceux qui les regardent mais ne perdant jamais à l'esprit que finalement rien n'est vrai. Ils tapinent, lisent "The Face", écoutent Squeeze, sniffent de la coke, se tapent des snuffs movies, mais finissent par conclure : "je crois que nous savons plus éprouver le moindre sentiment". En ce sens, Less Than Zero dresse un état des lieux vertigineux de la jeunesse des années 80 qui, face à l'opulence et la surmédiatisation, ne parvient pas à trouver d'autre alternative que celle de la disparition, pour non pas vivre, mais seulement survivre.
Romain Monnery, evene.fr

Mon P'tit Blog :
Surprenant : dérangée par le fait qu'il ne s'y passe rien, que tout est cru, que la vie leur passe à côté, trop de drogue, trop de sexe et pourtant... j'ai lu jusqu'au bout. Oui Los Angeles, j'ai roulé sur ces grands périphériques frénétiques et bondés: alors ce vague à l'âme, dès le début, qu'il y a là du superficiel à éviter, c'est tout de suite évident et puis voilà BEE nous y plonge dedans avec tous les détails mais le principal ! Certains passages d'une vie alenguie sont à relire à voix haute...Tout dire pour dire que la vie ne rime à rien, étonnant non !  Ces personnages si crus, si arides sont là pour convaincre que ça peut exister, que le temps de la lecture vous en êtes ; à savoir tout de même que le livre est une fiction composée de ragots épouvantables, dixit l'auteur lui-même . C'est le malaise d'une génération qui n'attend rien, qui n'espère rien et qui s'alimente de sa nébuleuse ; mais l'auteur fait un constat et ne les applaudit pas, alors on attend son verdict final : la liberté par l'argent n'alimente qu'instabilité, le monde manque de cohérence... La vacuité de ces vies nous dérange tous !  Certains sûrement n'y trouvent aucun intérêt à la lecture, mais il l'a dit lui-même : c'est une mise en accusation d'un mode de vie ! Ouf, nous voilà rasssurés... Et tout un style particulier : on quitte la dernière page désarmé, un mal-être ténu, mais pour ma part avec l'envie certaine de lire un autre BEE...

samedi 3 septembre 2011

LE POIDS DES SECRETS, 5 tomes, Aki Shimazaki *****

Actes Sud - Oct 2005
L'auteur en quelques mots...Née au Japon, Aki Shimazaki vit à Montréal depuis plus de dix ans.
Tsubaki est le premier volet de sa pentalogie Le Poids des secrets, qui comprend également Hamaguri, Tsubame, Wasurenagusa et Hotaru (tous publiés par Leméac/Actes Sud). Elle a remporté le prix Ringuet de l'Académie des lettres du Québec pour Hamaguri et le prix Canada-Japon pour Wasurenagusa.


Résumé :
A la mort de sa mère, une survivante de la bombe atomique de Nagasaki, Nakiko se voit remettre deux enveloppes. La première est adressée au frère de sa mère, dont Nakiko ignorait l'existence. La seconde contient une lettre dans laquelle la défunte révèle à sa fille le drame qui l'a hantée toute sa vie. 
Dans la lettre laissée à sa fille, Yukiko évoque les épisodes de son enfance et de son adolescence auprès de ses parents, d'abord à Tokyo puis à Nagasaki.
Elle reconstitue le puzzle d'une vie familiale marquée par les mensonges d'un père qui l'ont poussée à commettre un meurtre. Obéissant à une mécanique implacable qui mêle vie et Histoire, ce court premier roman marie le lourd parfum des camélias (tsubaki) à celui du cyanure. Sans céder au cynisme et avec un soupçon de bouddhisme, il rappelle douloureusement que nul n'échappe à son destin
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Critiques:
Coup de coeur Fnac 2009

Mon P'tit Blog :
Au fil des cinq tomes qui déroulent l'histoire en progressant comme une caméra, l'auteur nous amène dans la vision qu'ont les japonais de la seconde guerre mondiale et du largage de la bombe atomique sur Nagasaki. Il aborde également les relations entre Coréens et Japonais de l'époque... Des petits livres très sensibles, tellement délicats et profonds que chaque personnage vous renvoie à une partie non encore dévoilée. Le fond de l'histoire n'a rien de réjouissant, mais on aime revenir sur ce passé avec toute la pudeur des sentiments évoqués et, n'est-ce pas le but de nos lectures, les sentir proches de nous. Un très beau moment de lecture.

vendredi 10 juin 2011

LA DISGRACE, J.M. Coetzee *****

Seuil 2002
Résumé : Un professeur de l'université du Cap, David Lurie, s'éprend d'une jeune étudiante. Cette histoire d'amour le contraint à démissionner. Il se réfugie dans l'arrière-pays, chez sa fille. Il tente d'y retrouver un sens à sa vie. Pas facile de croire encore à quelque chose quand même les campagnes de l'Afrique du Sud sont frappées par la violence qui domine le pays...

9e roman de l’écrivain sud-africain, prix Nobel en 2003, Disgrâce est aussi celui de la consécration, couronné du Booker prize en 1999 (pour la 2e fois après « Michael K, sa vie, son temps »). Il est adapté au cinéma en février 2010 avec John Malkovich dans le rôle titre. Souvent présenté (réduit ?) à une peinture économico-sociale de l’Afrique du Sud post-Apartheid (lui ayant même valu une accusation de racisme), Disgrâce comme son titre l’indique est avant tout le récit de la chute d’un homme. Un homme vieillissant qui s’enfonce peu à peu dans des ténèbres de plus en plus opaques. Un homme qui perd et va perdre encore plus et c’est en cela que le roman est particulièrement poignant et marquant, allant à l’encontre des romans de reconstruction habituels. Un roman intimiste qui interroge aussi la notion de désir masculin, d’instinct primitif, la morale, la vieillesse et les rapports de domination, de violence au sens large et surtout la condition féminine dans la société sud-africaine actuelle.



Mon P'tit Blog : Pour ceux qui verraient un rapprochement à toute situation actuelle médiatisée, je confirme certains rapprochements possibles dans l'analyse de la disgrâce...