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mercredi 30 mars 2011

LA VIEILLE ANGLAISE ET LE CONTINENT, Jeanne A Debats ****

Nouvelle 2008 - 1er roman
Editeur Griffes d'Encre, ah la belle mascotte éponyme !
Illustrateur Christophe Sivet


Résumé :
Avec cette très émouvante histoire d’une vieille dame, ancien professeur de biologie marine, investissant le corps d’un grand cachalot, Jeanne-A Debats signe une oeuvre originale et poétique. Certaines personnes sont si profondément attachées à la Vie sous toutes ses formes, tous ses aspects, qu'elles consacrent leur existence à sa préservation, quitte à sacrifier celle des autres... Anne Kelvin, elle, lui consacrera sa mort.


Mon P'tit Blog:
Mais qu'est-ce donc qu'une « mnèse » ? La transplantation d’une âme d’un corps dans un autre. C'est de la SF ! et pourtant on aimerait bien que cela fonctionne tant c'est beau, tant l'auteur donne l'occasion de créer des ponts merveilleux entre le monde animal et nous et une belle réflexion sur notre comportement vis à vis de notre planète. Ce petit livre est une belle découverte ! Je vais suivre l'éditeur, il paraît que le niveau de publication est constant !

mardi 22 mars 2011

CET ETE-LA, Véronique OLMI ****



Extraits :
... et amoureux, oui, autant qu'on peut l'être quand on connaît si peu l'autre et qu'il est facile de faire entrer dans notre rêve cet être flou au service de notre imaginaire.
Il y avait moins de monde ici, la plage ressemblait à la fin d'un été, on se sentait privilégié un peu à part, et la mer plus précieuse et moins dévoyée.
Et il lui semblait que les adultes ne s'adressaient jamais aux gens de son âge que pour obtenir des renseignements ou vérifier certains critères, comme si la vie des plus jeunes devait sans cesse être ajustée.
... - Dans le désert, je ne possède rien. J'espère juste. Tu comprends ?- Qu'est-ce que tu espères ?- J'espère pouvoir m'étonner encore.
D. comprit que sa fille avait grandi sans l'en avertir. Elle avait puisé ailleurs qu'avec elle, des nécessités et des idéaux, des forces aussi. Elle s'était tournée vers des soleils qui n'étaient pas elle et dont elle avait tiré des enseignements et la chaleur de ses convictions.

MUSEUM, Frédéric CLEMENT *****

Tabatinga, Brésil


Chère Amie,


Ce soir, sur les bords du fleuve Amazone, je me décide à ficeler cette boîte de bois vert. Mon journal d'entomologiste, mes notes, mes photographies, mes tremblantes, esquisses, qui me brûlent maintenant les doigts, je vous les confie.
...
http://www.fredericlement.net/presse/muse-press.htm

jeudi 3 mars 2011

LE SIGNAL, Ron Carlson ****


01/2011 - Gallmeister
 Résumé
Pour la dernière fois, Mack et sa femme Vonnie partent camper dans les montagnes du Wyoming afin de se dire adieu. Enlisé dans les dettes, l’alcool et les trafics, Mack a peu à peu contraint Vonnie a renoncer à l’amour profond qui l’avait attirée vers l’Ouest, et la jeune femme a refait sa vie. Cette randonnée est un moment de complicité retrouvée, une ultime occasion de se révéler l’un à l’autre. Pour Mack, cette expédition est aussi la dernière mission qu’il exécute pour le compte d’un intermédiaire douteux afin de sauver son ranch de la faillite. Au cœur des vastes étendues sauvages, guidé par un faible signal GPS, il doit retrouver une mystérieuse balise égarée lors d’un survol de la région. Mais cette mission se révèlera bien plus périlleuse que prévu.
Le Signal est un roman magistral combinant le destin d’un amour qui s’achève à un suspense qui nous mène au paroxysme de l’angoisse. Ce livre palpitant, doublé d’une magnifique description du Wyoming, est un texte puissant qui se lit d’une traite.
Traduit de l’américain par Sophie Aslanides
RON CARLSON est né en 1947, en Utah. Il est l’auteur de plusieurs recueils de nouvelles et de quatre romans qui ont reçu de nombreuses distinctions aux États-Unis. Il enseigne la littérature à l’Université de Californie, à Irvine, et vit à Huntington Beach. Le Signal, publié en 2009 aux États-Unis est son dernier roman.


Mon p'tit Blog
A bien des égards, ce roman n'est pas un authentique policier : pas de représentant de l'ordre ou de la justice structurant un suspens, pas d'enchainements de scènes sanglantes ou de plans "noirs". Le suspens est là en filigrane tout au long de leur randonnée et culminant dans les dernières pages... Est-ce qu'il est plus marqué sur la dernière mission pas nette de Mack ou sur l'histoire du couple Mack et Vonnie ? C'est justement sur ce parallèle entre sa vie sentimentale, l'espoir de cette ultime randonnée, et l'échec de sa vie tout court que repose l'attente de la lecture, notre intrusion dans ce personnage de cow-boy pudique. Bien sûr, pour une fan comme moi des marches en montagne et des paysages américains, aller se promener et se faire surprendre par les ours, faire une partie de pêche dans les lacs silencieux du Wyoming, c'était gagné d'avance ! Bingo, du plaisir de lire et d'être là-bas... Une belle approche de personnages tout en finesse donc donne le relief à ce roman qui déroule le grand tapis des immensités du grand ouest américain.


Extraits
"Il était silencieux et connu pour cela, ce n'était pas affecté ; il avait appris que c'était pour lui la meilleure manière de garder un peu de pouvoir."
"... pour se conformer à une promesse qu'il avait gravée dans la pierre des montages : rester léger et sur la réserve, sans se mettre en boule, sans se laisser atteindre."

mercredi 23 février 2011

POUR UNE EDUCATION BUISSONNIERE, Louis Espinassous *****

Résumé :
Nous privons de plus en plus nos enfants de la nature, du dehors, les acheminant peu à peu vers une éducation ‘‘hors-sol’’. Et ceci au nom de la sécurité, de l’hygiène, de la norme, du risque zéro, et sous le prétexte fallacieux que, par écrans interposés, la vie, le réel arrivent désormais sans risques jusqu’au cœur de douillettes petites cages dorées où nous les gardons à l’abri. Or le monde n’est pas réductible aux murs de la chambre ou de la classe, ni à des images virtuelles, les plus perfectionnées soient-elles.
C’est dehors, dans le jardin, les prés et les bois, le bord de mer ou la montagne, dans ce contact plein avec le réel que l’enfant construit une part considérable de son rapport à son corps, à ses sens, à son intelligence, à la vie et aux autres. C’est ainsi qu’il développe au mieux la totalité de son être.
Riche d’enseignements et de réflexions, POUR UNE ÉDUCATION BUISSONNIÈRE est aussi une vigoureuse exhortation au développement de l’éducation nature pour que chaque enfant puisse s’épanouir en tant qu’être vivant sur notre planète, et aille vers une humanité plus solidaire et respectueuse des ressources limitées et de la beauté du monde.
Tout jeune, LOUIS ESPINASSOUS a eu la vocation d’éducateur nature. Quarante ans plus tard, infatigable, il assume cette vocation à laquelle s’ajoutent celles d’accompagnateur en montagne, de pisteur d’ours, d’incorrigible dormeur à la belle étoile, de conteur et d’écrivain. Toujours avec la même jubilation, il emmène enfants, adolescents, adultes, publics handicapés ou difficiles dans des séjours, des classes découvertes, des stages de formation au cœur des Pyrénées, dans cette vallée d’Ossau où il a pris racine depuis plus de trente ans.

Mon P'tit Blog :
Quel bain de jouvence que la lecture de ce précis de Louis Espinassous ! Par bon nombre de réflexions saines et ancrées dans une vie de bon sens, il nous donne l'impression de le lire face à un bon feu de camp, dans la beauté d'un jour finissant, épuisé d'une journée en pleine nature. Son livre est une réussite puisqu'à lire ses arguments pour une éducation buissonnière, on rêve plus que jamais d'une école équilibrée pour nos enfants, où le contact avec la "matière", naturelle et humaine, apporterait le complément à un enseignement classique. Et oui, aujourd'hui l'école n'endosse plus aucune prérogative éducative !...

Extraits :
Etre humain, c'est être à l'affût et chassant, aux aguets. Nous ne sommes pas nés pour assister, béats, au spectacle de la Nature, des êtres et de l'Histoire, comme si l'univers était achevé et qu'il ne nous restait plus qu'à nous bâtir des esplanades et des observatoires, avec des télescopes, écrans de télévision et fauteuils qui basculent. Nous sommes partie prenante (et drôlement prenante), nous sommes branchés d'antennes et résonnants de signaux, de détresse ou de joie, de bonheur ou d'alarme, comme des insectes qui cherchent leur vie dans l'herbe. Nous avons des enthousiasmes d'enfant chercheur et des frousses de poursuivi par les loups. Et si nous n'observons pas, ne prenons pas de notes, si nous attendons lâchement que les chercheurs, dans leur tour d'ivoire, ou que les politiciens, dans leur tour de contrôle, trouvent, résolvent pour nous les grandes énigmes de l'univers et nous installent des chaises confortables pour assister à la représentation du monde, tranquille, apaisée, observable à distance, alors nous abandonnons notre vie, nous entrons dans le cauchemar, apparemment féérique, de l'existence virtuelle.
La surprotection de l'enfant nous mène dans une impasse éducative. Pire, elle nous mène à une démission de notre rôle éducatif.
"Il n'y a rien de plus important au monde, et pour le monde, qu'un beau souvenir d'enfance." F.Dostoïesvki
"N. et J. descendirent l'escalier à leur tour. Ils avaient le teint vif, le sang fouetté ; il rêgnait autour d'eux comme une odeur de liberté. Lorsque N. rentra prestement dans sa poche l'effilochure de nuage qui en dépassait encore, J. sourit de l'étourderie de son frère." Boris Vian, L'Arrache-coeur
Il y aura des jours où vous serez comme un souverain pacifique assis sous un arbre : le monde entier viendra vous rendre hommage et vous apporter tribut. Ce seront là vos jours de contemplation.Il y aura des jours où vous devrez prendre besace et bâton pour aller chercher votre vie le long des routes. Il faudra, ces jours-là, vous contenter de vos gains d'observateur, de chasseur ; n'ayez crainte : ils seront beaux.Il est doux de recevoir ; il est passionnant de prendre. Il faut, tour à tour, séduire et forcer l'univers. Quand on a longuement contemplé le roc fauve, ses lichens, ses algues veloutées, il est bien amusant de le soulever : on connaît alors son poids et le petit nid de salamandes au ventre orange qui vivent là dans la fraîcheur.C'est un jeu perpétuel et semblable à l'amour que cette possession d'un monde qui tantôt se livre et tantôt se dérobe ; c'est un jeu grave et divin. Citation de Georges Duhamel, in Gilbert Anscieau, Les Clefs de la découverte.